Les quotidiens sénégalais parvenus mercredi à APA titrent principalement sur le message de paix délivré par la communauté soufie des Layènes aux acteurs politiques à un an de l’élection présidentielle sénégalaise.
Le Soleil prend part à la 143e édition de l’Appel de Seydina Limamou Laye, « un Appel intemporel » dont la célébration de cette année a commencé mardi 21 février à Cambérène, à Dakar. « Les fidèles ravivent leur foi. Les âmes communient. Même le temps est complice. C’est dans une atmosphère de dévotion que la communauté Layène a célébré, hier, le premier jour de la 143e édition de l’Appel de Seydina Limamou Laye », l’une des figures de l’islam soufi au Sénégal qui a vécu entre le 19e et le début du 20e siècle.
Le thème de la présente édition de cet événement religieux est marqué sur le registre de la paix et le développement parce que « le progrès n’est pas possible sans la paix », affirme Seydina Issa Thiaw Laye, coordonnateur du comité d’organisation de l’Appel de la communauté Layène.
« Le premier facteur de la stabilité de notre pays, c’est les foyers religieux », a-t-il rappelé dans L’AS sachant qu’une grande majorité des musulmans sénégalais, qui constituent 95% de la population nationale, sont soumis à un islam confrérique.
Politiciens, membres de la société civile, acteurs de la presse, la famille Layène sermonne tout le monde », écrit Walf Quotidien, notant que Seydina Issa Thiaw Laye, également porte-parole de cette communauté religieuse, a profité de la cérémonie officielle de l’Appel « pour aborder certaines questions liées à la tension politique qui prévaut dans le pays, à la corruption, à la crise des valeurs, entre autres ».
Sur un autre sujet, le journal se demande si le « chamboulement de la magistrature » n’est pas motivé par « le hold-up électoral en téléchargement » à douze mois de la présidentielle sénégalaise. « Il n’a pas encore déclaré sa candidature, mais Macky Sall place ses hommes en perspective de l’élection présidentielle. C’est tout le sens du chamboulement de la magistrature qui est déterminant dans le processus électoral », remarque Walf Quotidien.
L’opposition se trouve donc « à la merci du pouvoir » de Macky Sall, indique Sud Quotidien qui présente en même temps des visages figés des opposants Ousmane Sonko, Aminata Touré et Karim Wade, des candidats déclarés à la présidentielle de 2024 qui ont maille à partir avec la justice. « En pleine année pré-électorale, aucune des coalitions de partis les plus représentatifs de l’électorat national ne peut garantir que son candidat supposé ou réel prendra effectivement part à la compétition », précise le journal.
Dans cette perspective, Bés Bi indique qu’Ousmane « Sonko joue la montre » après que la Chambre d’accusation a rejeté mardi sa demande d’annulation du renvoi du dossier de viols et menaces de mort l’opposant à la masseuse Adji Sarr devant la Chambre criminelle. La première juridiction a déclaré la requête du maire de Ziguinchor (sud), troisième à la présidentielle de 2019 avec plus de 15% des suffrages, « irrecevable » et estimé « qu’il n’y a pas lieu de saisir le Conseil constitutionnel ».
Toutefois, « la défense, qui joue la montre, entend se pourvoir devant la Cour suprême et ainsi retarder le procès contre Adji Sarr » en vue de mieux gagner du temps pour permettre à son client Ousmane Sonko de se présenter au scrutin présidentiel de 2024.
EnQuête qualifie cette incertitude sur les candidatures des figures les plus en vue de la vie politique sénégalaise, à savoir Macky Sall, Ousmane Sonko, Khalifa Sall et Karim Wade, de « flou artistique ». Dénonçant la « mainmise de la politique sur la vie républicaine », le docteur en communication politique, Moussa Diop, accuse « notre Constitution de favoriser la surenchère interprétative, la querelle de basse-cour entre juristes » avec pour preuve le débat sur l’éventuelle troisième candidature de Macky Sall en 2024.
Tout ce méli-mélo témoigne que « c’est la démocratie sénégalaise qui est en panne », analyse Moussa Diaw, enseignant de sciences politiques à l’Université Gaston-Berger (UGB) de Saint-Louis (nord).
ODL/te/APA