L’intelligence artificielle redéfinit le paysage de la cybersécurité, offrant des outils puissants de défense tout en ouvrant la voie à des cyberattaques plus sophistiquées, souligne Anna Collard, vice-présidente principale de la stratégie de contenu et évangéliste chez KnowBe4 Africa.
L’intelligence artificielle (IA) transforme notre quotidien, mais elle redéfinit également le paysage de la cybersécurité et de la cybercriminalité. Tandis que les entreprises s’appuient sur l’IA pour renforcer leurs défenses, les cybercriminels exploitent cette technologie pour affiner et automatiser leurs attaques.
« Plus la portée d’une IA est large grâce aux intégrations et à l’automatisation, plus le risque potentiel qu’elle devienne malveillante est grand », souligne Anna Collard, vice-présidente principale de la stratégie de contenu et évangéliste chez KnowBe4 Africa.
Les agents IA, des systèmes autonomes capables d’exécuter des tâches complexes avec peu d’intervention humaine, révolutionnent les cyberattaques.
« Ces avancées ne se contentent pas d’améliorer les tactiques des cybercriminels : elles pourraient fondamentalement changer le champ de bataille de la cybersécurité », explique Mme Collard.
Contrairement aux simples chatbots, ces agents peuvent planifier, exécuter et ajuster leurs stratégies en temps réel. Leurs capacités permettent aux cybercriminels d’augmenter l’ampleur et l’efficacité de leurs attaques, posant un défi sans précédent aux défenseurs.
Les cybercriminels exploitent l’intelligence artificielle de multiples façons, notamment en perfectionnant les attaques de phishing, en facilitant l’usurpation d’identité grâce aux deepfakes et en orchestrant des campagnes de manipulation cognitive.
Grâce aux modèles d’IA générative, les e-mails de phishing deviennent plus crédibles, personnalisés en fonction des victimes et exempts d’erreurs grammaticales, ce qui permet aux escroqueries de s’adapter automatiquement à l’activité en ligne des cibles.
Par ailleurs, les deepfakes et les audios synthétiques facilitent l’imitation de dirigeants d’entreprise, menant à des fraudes majeures, comme l’incident de la société Arup en 2024, où un employé a été trompé et a transféré 25 millions de dollars.
Enfin, l’IA est également un outil redoutable de manipulation cognitive, utilisé pour générer des campagnes de désinformation sophistiquées qui influencent l’opinion publique et menacent la stabilité démocratique.
Une riposte nécessaire : l’IA au service de la cybersécurité
Face à ces menaces, les experts en cybersécurité développent des outils basés sur l’IA pour détecter et contrer ces attaques. Parmi les solutions envisagées, la détection des menaces en temps réel permet d’analyser les comportements suspects sur les réseaux et d’identifier les anomalies afin d’alerter rapidement les équipes de sécurité.
Grâce à des plateformes pilotées par l’IA, il devient possible de corréler de vastes quantités de données pour repérer des schémas d’attaque subtils. Par ailleurs, la lutte contre les deepfakes repose sur des technologies biométriques capables de repérer les contenus audio et vidéo falsifiés, bien que leur détection en temps réel demeure un défi face à l’évolution rapide de cette technologie.
Enfin, la formation des utilisateurs joue un rôle clé : des simulateurs d’attaques basés sur l’IA aident les employés à reconnaître les tentatives de phishing et les manipulations numériques, renforçant ainsi la protection des entreprises contre ces nouvelles menaces.
Si l’IA représente une opportunité pour améliorer la cybersécurité, elle pose aussi de nouveaux défis. Une mauvaise intégration ou un manque de gouvernance éthique peut rendre ces outils vulnérables à des détournements malveillants.
« Plus nous déployons d’outils d’IA, plus il est essentiel de mettre en place une surveillance rigoureuse et des mécanismes de gouvernance solides », prévient Anna Collard.
Dans cette course entre cybercriminels et experts en sécurité, les entreprises doivent non seulement adopter l’IA pour se protéger, mais aussi anticiper les futures évolutions des menaces basées sur l’intelligence artificielle.
ARD/te/Sf/APA