Un dialogue concerté sur la gouvernance foncière est un gage d’une souveraineté alimentaire réussie, estiment des organisations paysannes sénégalaises.
La forte pression sur les ressources foncières au Sénégal est alimentée, entre autres facteurs, par l’explosion démographique et les besoins croissants et diversifiés comme l’urbanisation, la poussée des infrastructures publiques, la demande alimentaire. A cela s’ajoutent la transformation progressive des espaces agrosylvopastoraux en domaines « privés » ; l’extension du domaine agricole au détriment des terres et espaces pastoraux ; le grignotage progressif sur les aires protégées ; le non-respect des conventions locales pour la gestion des espaces ruraux…
Cette situation accentue les problèmes de gouvernance et génère un dérèglement du système de gouvernance du foncier au Sénégal et une multitude de conflits entre les acteurs.
Pourtant, depuis les années 90, plusieurs tentatives de réformes foncières ont été lancées sans succès au Sénégal. Diagnostiquant cet échec, la Plateforme nationale sur les directives volontaires et gestion foncière (DV&GF) qui regroupe le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) et le Cadre de réflexion et d’action sur le foncier au Sénégal (CRAFS) pointent du doigt le manque de dialogue autour de la gestion foncière.
Pour Babacar Diop, président du CNCR et de la plateforme DV&GF, la réflexion lancée depuis les années 1990 pour une bonne réforme foncière reste bloquée par l’absence de dialogue. Or, a-t-il dit, « c’est l’Etat qui doit agir pour mettre tous les acteurs autour d’une table pour discuter de ce qu’il faut faire pour une bonne gestion foncière, mais il ne le fait ».
S’exprimant au cours d’une journée nationale de partage et de réflexion autour des productions de connaissances sur l’amélioration de la gestion et la gouvernance du foncier au Sénégal, Babacar Diop a promis une feuille de route de la société civile devant permettre de rencontrer tous les candidats à la présidentielle de 2024 afin de recueillir leurs avis sur la gestion foncière.
« Il y a beaucoup d’avancées pour la réforme foncière au Sénégal, mais celle-ci n’a pas encore abouti. Les éléments de blocage sont principalement le manque de dialogue. C’est pourquoi nous avons créé une plateforme pour lever ce blocage », a poursuivi Dr Cheikh Oumar Bâ, directeur exécutif de l’Initiative prospective agricole et rurale (IPAR).
TE/ac/APA