Au regard de l’émergence de l’alcoolisme chez les jeunes, surtout en milieu scolaire, l’Etat de Côte d’Ivoire envisage de réviser son dispositif légal pour faire baisser la prévalence de la consommation d’alcool chez les jeunes.
Dans un contexte d’alcoolisme « grandissant » chez les mineurs, l’ONG Lutte contre la consommation abusive d’alcool en Côte d’Ivoire (LCACI) tient les 29 et 30 janvier 2025, à Abidjan, la 1re édition des Journées de réflexions sur l’alcoolisme chez les jeunes, en partenariat avec le Programme national de lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme (PNLTA).
Selon M. Darius Edima, président de l’ONG Lutte contre la consommation abusive d’alcool en Côte d’Ivoire (LCACI), ces journées, assorties d’ateliers, visent à « trouver des solutions concrètes pour pouvoir adresser ce fléau sur le terrain ».
Des enquêtes, menées par l’ONG LCACI en 2020-2021, révèlent que « 63,8% des jeunes ont déjà consommé de l’alcool », notamment les mineurs de 13 à 17 ans, a-t-il rappelé, indiquant qu’il s’agit d’ébaucher des mécanismes pour la réduction des risques de l’alcoolisme chez les jeunes
Aujourd’hui, l’on peut observer « des maquis (buvettes) aux abords des établissements qui ne sont pas encore détruits, ainsi que de l’alcool vendu un peu partout ; c’est pour cela qu’il faudrait maintenant agir. Mais, il faut qu’on agisse ensemble », a-t-il lancé.
Dr Oumar Coulibaly, médecin de santé publique et directeur-coordonnateur adjoint du Programme national de lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme, la toxicomanie et les autres addictions, s’est félicité de ces journées qui réunissent les parties prenantes.
Ces journées de réflexion, dira-t-il, ont « pour objectif d’établir un plan stratégique pour impliquer tous les acteurs de la lutte afin d’endiguer le phénomène de la consommation de l’alcool chez les jeunes et en milieu scolaire ».
« Le taux de prévalence tourne autour de 45% de jeunes qui avaient déjà consommé l’alcool (lors de l’enquête) et beaucoup veulent arrêter de consommer l’alcool, d’où la mise en place de structures de prise en charge », a fait savoir Dr Oumar Coulibaly.
Les participants plancheront durant deux jours sur, entre autres, le cadre réglementaire relatif à la commercialisation et la consommation d’alcool en Côte d’Ivoire, la protection des mineurs et des jeunes, et la prise en charge des victimes de l’alcoolisme.
Les réflexions devraient permettre, par ailleurs, de mettre en place des instruments de dissuasion et de prévention de l’alcoolisme, et le renforcement des collaborations stratégiques pour un plus grand impact des interventions de lutte contre l’alcoolisme.
« Nous avons des interventions basées sur des preuves évidentes, c’est-à-dire l’accessibilité, l’âge minimum, le service minimum et l’alcool au volant », a-t-il relevé, avant d’ajouter que cela devrait être mis dans « un plan axé sur les résultats, in fine, pour pouvoir évaluer notre plan ».
Le ministère ivoirien de la Santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle suit « la stratégie africaine de l’usage nocif de l’alcool qui a été rédigée par l’OMS (et) nous allons la transcrire dans notre législation nationale », a souligné Dr Oumar Coulibaly.
« La Côte d’Ivoire a une loi qui date de depuis 1964 et qu’il faut réviser cette loi, et le ministère chargé de la Santé avec les autres ministères sont en train d’élaborer un projet de loi en ce qui concerne la consommation de l’alcool », a-t-il renseigné.
Une récente étude, réalisée en 2024 ressort que 39,9% des jeunes ivoiriens ont déjà consommé l’alcool dont 25% était en état d’ivresse. En outre, environ 45% ont consommé de l’alcool avant l’âge de 15 ans. Les recherches montrent que les jeunes qui consomment l’alcool avant l’âge de 15 ans ont six fois plus de risque de développer une dépendance
AP/Sf/APA