Les quotidiens sénégalais parvenus mercredi à APA titrent principalement sur la célébration de la fête de l’indépendance qui a permis au chef de l’Etat, Macky Sall, d’appeler au dialogue et présenter la « puissance de feu » du Sénégal.
Le Soleil a assisté mardi 4 avril à une « célébration haute en mots et images » à l’occasion du 63ème anniversaire de l’accession du Sénégal à l’indépendance. Rassuré par le niveau des équipements militaires du pays, le quotidien national estime que « l’Armée est préparée à faire face aux menaces sur la paix et la sécurité ».
Présidant la cérémonie à Dakar, Macky Sall « salue une parade +impeccable+ et promet d’équiper davantage les Forces de défense et de sécurité ». En outre, le chef de l’Etat, qui a adressé la veille une « main tendue à toutes les forces vives de la Nation », a annoncé également le « début de l’exploitation commerciale du projet de Bus rapid transit (BRT) au deuxième trimestre de 2023 ».
L’Observateur se dit marqué dans l’édition de cette année de la fête de l’indépendance, organisée sous le thème « Forces armées et préservation des ressources naturelles », par les « défis majeurs et (un) défilé magnifique » lors duquel « l’Armée a étalé sa puissance de feu ».
« Pour sa dernière participation à un défilé civil et militaire pour son deuxième mandat à la Magistrature suprême, le président de la République, Macky Sall, s’est dit conscient de toutes les menaces qui pèsent sur la sécurité du pays », a rapporté le journal qui revient sur « les quatre piliers du discours » du chef de l’Etat du 3 avril « décryptés par des spécialistes » de sciences politiques et de la communication.
Walf Quotidien dépeint un « discours hors sol » de Macky Sall lors de la traditionnelle adresse à la nation du chef de l’Etat, à la veille du 4-Avril. « Ceux qui attendaient le président de la République sur la question polémique de son troisième mandat sont restés sur leur faim. A aucun moment de son discours à la nation, il n’a parlé de cette affaire. Il a également fait l’impasse sur les violences politiques qui ont fait trois morts et de nombreux blessés lors du procès de l’opposant Ousmane Sonko », condamné le 30 mars dernier pour diffamation à deux mois avec sursis et 200 millions de francs CFA de dommages et intérêts à payer au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, explique le journal.
Si « Macky Sall se dit +ouvert au dialogue+ », Sud Quotidien constate pour sa part que « les grandes questions de l’heure sont mises sous scellé » par le chef de l’Etat à moins d’un an de la présidentielle de 2024 qui devrait ouvrir l’ère de son éventuel troisième mandat controversé ou d’une nouvelle alternance démocratique comme le pays l’a connu en 2000 puis en 2012.
Face à l’appel au dialogue de Macky Sall, Alioune Tine, membre éminent de la société civile sénégalaise, note que « le président doit aller beaucoup plus loin que les bonnes intentions et des appels au dialogue ». L’ex-Premier ministre Aminata Touré, devenue farouche opposante à Macky Sall, fustige « un appel à la paix au bout des lèvres, ce n’est pas ce que nous attendions du président ». « C’est à vous que Dieu demandera ce que vous avez fait pour le pays dans la situation qui a prévalu entre 2023 et 2024 », a prévenu de son côté Doudou Wade, ancien président du groupe parlementaire du Parti démocratique sénégalais (PDS) du président Abdoulaye Wade (2000 – 2012).
Toutefois, Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la République (APR), le parti au pouvoir, a magnifié le discours du chef de l’Etat du 3 avril, un « message centré sur la République et ses valeurs du vivre-ensemble ».
Bés Bi (Le Jour) exhibe dans sa première page « l’arme du dialogue » brandie par le président de la République, mais se concentre davantage sur les « duos et duels » entre Macky Sall et Idrissa Seck. Deuxième de la présidentielle de 2019 avec plus de 20% des voix, ce dernier, président du parti Rewmi (le pays en wolof), a rallié un an après cette élection la mouvance présidentielle pour occuper le poste de président du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Certains de ses proches ont été ensuite nommés à des postes dans le gouvernement.
Toutefois, note le journal, l’ancien maire de Thiès a « relevé » Yankhoba Diattara, le ministre des Sports, de son poste de vice-président de Rewmi « pour avoir défendu le troisième mandat » de Macky Sall. Le journal note qu’Idrissa Seck « supprime deux fois son post » sur Facebook évoquant une volonté feinte de briguer les suffrages des Sénégalais en 2024. « Macky vous a amené la Coupe d’Afrique des nations (Can), je vous promets la Coupe du monde », a écrit l’ancien Premier ministre de Wade qui se décrit lui-même comme un politicien « nuancé ».
Analysant le jeu de celui qui est souvent appelé par le diminutif « Idy », Bés Bi indique qu’une « éventuelle bataille Macky Sall – Idrissa Seck serait aussi un duel à côté de cette bipolarisation avec Ousmane Sonko ». L’actuel maire de Ziguinchor (sud), troisième de la dernière présidentielle avec plus de 15% des voix, est devenu le chef de l’opposition de fait depuis l’entrisme dans le gouvernement de M. Seck, qui prend part sans succès, depuis 2007, en tant que candidat, aux scrutins présidentiels du Sénégal.
ODL/HA/APA