Les quotidiens sénégalais parvenus mercredi APA titrent sur une diversité de sujets marqués par la célébration de la fête de Tabaski sur deux jours dans le pays, qui reçoit malgré son contexte sociopolitique tendu des « étrennes » de la part du Fonds monétaire international (FMI).
Le Soleil indique que le Fonds monétaire international (FMI) octroie « plus de 1000 milliards de FCFA au Sénégal », un « appui financier aux politiques économiques du président Macky Sall ». Il s’agit en réalité d’un financement conjoint de 1115 milliards de francs CFA de l’institution de Bretton Woods et de l’Union européenne (UE) pour permettre à Dakar d’exécuter pendant trois ans de nouveaux programmes de développement.
« Dans le cas du Sénégal, ces ressources additionnelles contribuent au financement de nouveaux programmes du FMI, qui viennent d’être adoptés et donneront accès à approximativement 1850 millions de dollars US (soit environ 1115 milliards de francs CFA) au Sénégal, sur trois ans », expliquent les trois parties dans un communiqué où elles précisent que ce montant vient s’ajouter aux « importants financements bilatéraux octroyés par l’UE et ses Etats membres pour cette année et la suivante, dont 150 millions d’euros de prêts concessionnels par la France, 70 millions d’euros de dons par l’UE ou 68 millions d’euros de dons par l’Allemagne ».
Pour parler comme « à la fête » de Tabaski où les gens distribuent des « Ndewenel » ou étrennes aux enfants au Sénégal, Le Quotidien rapporte que l’Etat sénégalais a également reçu sa part du FMI avant la célébration de l’Eid el-Kebir, avec « plus de 1300 milliards accordés hier en facilité de crédit ».
Rewmi Quotidien précise que le FMI a posé certaines conditions avant de débloquer l’enveloppe « de plus de 1100 milliards » pour le Sénégal. « Le conseil d’administration de l’institution financière valide et exige une +rationalisation des exonérations de TVA et l’élargissement de l’assiette fiscale+, +une élimination progressive des subventions énergétiques non ciblées+ et un +renforcement de la bonne gouvernance+ », explique le journal.
Malgré cette manne financière qui renfloue les caisses de l’Etat, Tribune rappelle que la Tabaski est « une fête qui achève les pères de famille » dans ce pays où ces derniers doivent faire face aux frais de « moutons, de repas, d’habits », entre autres, dans un contexte d’inflation sans commune mesure pour de nombreux ménages. Pour preuve, « les prix du bélier et des légumes flambent » dans les marchés, constate le journal.
Le Regard insiste sur le fait que cette fête musulmane est célébrée « dans un contexte grillé » en raison de la tension sociopolitique qui a inauguré ce mois de juin, avec la condamnation à deux ans ferme de l’opposant Ousmane Sonko dans « l’affaire Adji Sarr » qui a provoqué une nouvelle fois des émeutes dont un bilan macabre d’au moins seize morts. Alors que les prix des moutons et autres condiments très prisés sont « élevés » sur le marché, « des pénuries d’eau dans certaines zones de la capitale » sont également observées par le journal qui constate que le Sénégal célèbre encore cette fête « dans la division ».
Une partie de la communauté musulmane prie en effet ce mercredi tandis que l’autre partie, composée de la commission étatique chargée de l’observation du croissant lunaire et de la plupart des cités religieuses confrériques, attend demain.
C’est pourquoi Sud Quotidien estime que « le Sénégal est droit dans ses bottes » avec sa Tabaski « à deux vitesses », faisant de « notre pays une exception dans le monde musulman ». Pour permettre à tout le monde de célébrer dans la quiétude, le chef de l’Etat a déclaré la journée de vendredi 30 juin, lendemain de la Tabaski, « chômée et payée », sachant qu’une grande partie des habitants dakarois fêtent l’Eid dans leurs villages ou dans les régions.
Pour L’Observateur, le vendredi « pont et férié » est le « Ndéwéneul » offert par Macky Sall aux travailleurs sénégalais tandis qu’Ousmane Sonko, dans une première sortie après les événements du 1er et du 2 juin, s’est contenté d’une déclaration vidéo. Le maire de Ziguinchor (sud), barricadé dans son domicile dakarois depuis un mois par les forces de l’ordre, est revenu dans son message « sur la sacralité de la Tabaski et chante la paix » dans un contexte sociopolitique encore tendu en partie par son fait, selon certains détracteurs.
Sur les « stratégies à déployer contre le pouvoir » de Macky Sall, l’opposant arrivé troisième à la dernière présidentielle avec plus de 15% des suffrages « donne rendez-vous après la Tabaski », la même période choisie par Macky Sall pour dire si oui ou non il va présenter pour une troisième candidature à l’élection présidentielle de février 2024, fait remarquer Walf Quotidien.
ODL/ac/APA