A Jacqueville, une station balnéaire dans le Sud ivoirien, les habitants du village de Akrou, revendiquent le campement de Bapo, que les occupants, originaires de contrées voisines, tentent d’ériger en village.
Avec quelque 200 âmes, le campement de Bapo, situé en bordure de lagune, dans la commune de Jacqueville, une localité se trouvant à 60 Km à l’Ouest d’Abidjan, relève du ressort territorial de la sous-préfecture de Attoutou.
Ayant appris une consultation publique du sous-préfet de Attoutou, M. Patrick Sery-Etta Roycet, ce samedi 24 février 2024, à Bapo, des dizaines de jeunes du village de Akrou, ont investi cette bourgade, où l’on pouvait voir sur le sol des bâches prêtes à être montées.
« On a assiégé » le campement de Bapo « pour manifester notre mécontentement et faire opposition à une mascarade de nomination de chef sur ce site qui est, par ailleurs, du territoire de Akrou (peuple Alladian) », a déclaré à la presse Loïc Tekry, le président des jeunes du village de Akrou.
Ce site, dira-t-il, avec le BAC, une navette maritime, est devenu un lieu d’échanges économiques. Plusieurs ressortissants de villages environnants viendront alors y résider pour faire l’activité de pêche et vendre du poisson aux passants.
Parmi ces allogènes, « vous allez trouver ici, beaucoup de Béninois qui sont venus pêcher. C’est comme ça aussi que nos frères Ahizi (peuple lagunaire), précisément du village d’Alaba ont traversé pour venir pêcher du poisson pour vendre », a-t-il rappelé.
Au fil des ans, cette terre est devenue un campement. Et aujourd’hui, « ils font des lotissements et prennent des gens pour faire des ACD (Arrêtés de construction définitive) », a fait savoir Loïc Tekry, indiquant qu’ils n’ont jamais eu de chef, ici, avec un arrêté ministériel.
Pour donner de la légalité à leurs actes, ils ont décidé d’établir comme chef, M. Olivier Grah, qui une fois que le campement de Bapo est érigé en village via la sous-préfecture de Attoutou, prendra les rênes et contrôlera les terres, une posture que le village de Akrou réfute.
Avec le président de l’association des chefs Ahizi, Amboyeba Samuel, « ils viennent aujourd’hui pour faire une consultation publique » afin de faire prendre ensuite un arrêté consacrant M. Olivier Grah comme chef du village, a-t-il poursuivi.
Selon Loïc Tekry, à plusieurs reprises, les jeunes du village de Akrou ont « envahi » le campement de Bapo et « on les a même amenés à prendre des engagements », mais ils préfèrent passer par la sous-préfecture pour conquérir ce territoire.
Pa ailleurs, Loïc Tekry confie avoir fait opposition à un projet, dont le sous-préfet Sery-Etta Roycet, a signé « un avis favorable » et qui devrait s’étendre sur 1.600 hectares de terres dans villages du littoral. Un lotissement appelé « Coco grâce divine ».
Un campement, en Côte d’Ivoire, est érigé en village après une consultation publique opérée par la sous-préfecture. Ensuite, le ministère de l’Intérieur prend un arrêté qui consacre le chef du village proposé par le territoire en question.
Pour Loïc Tekry, avant que le campement de Bapo ne soit érigé en village, cela doit « être autorisé par le village hôte », en l’occurrence le village de Akrou, qui pour protéger ses terres, envisage de désigner quelqu’un qui puisse garantir son patrimoine.
« Bapo a commencé à nous revendiquer 492 hectares et là nous interpellons les autorités dans l’érection des campements en villages ou en nommant les chefs » territoriaux, a-t-il lancé, rappelant que à Adoukro, même érigé en village, un lotissement de 2.400 ha a été annulé à la suite de litiges.
Tant que le village de Akrou ne leur donne pas d’autorisation, « rien ne va arriver » concernant l’érection du campement de Bapo en village, a martelé Loïc Tekry. La manifestation des jeunes de Akrou était encadrée par des éléments de la gendarmerie.
AP/APA