De nombreux pays et secteurs ne parviennent toujours pas à se préparer à la sécheresse qui menace 3 personnes sur quatre, en prenant les bonnes mesures, alerte la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (CNULCD).
Dans un rapport mondial rendu public ce lundi, la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) tire la sonnette d’alarme sur l’ampleur croissante des sécheresses, un phénomène qui pourrait affecter trois personnes sur quatre d’ici 2050.
L’Atlas mondial des sécheresses, fruit d’une collaboration internationale impliquant des chercheurs de l’Italie, des Pays-Bas et de l’Allemagne, dévoile une réalité complexe et préoccupante. Depuis l’an 2000, les sécheresses ont augmenté de 29%, principalement en raison du changement climatique et d’une gestion non durable des terres et des ressources en eau.
Contrairement aux catastrophes à déclenchement rapide, les sécheresses développent des effets systémiques subtils mais profondément dévastateurs. Leur impact s’étend silencieusement à plusieurs secteurs critiques de l’économie et de l’environnement.
L’agriculture est particulièrement vulnérable, d’autant plus qu’elle consomme 70% de l’eau douce mondiale. La production hydroélectrique se trouve également fragilisée, avec des risques de perturbations énergétiques. Le transport fluvial subit directement ces transformations, voyant ses routes commerciales et logistiques compromises par des niveaux d’eau trop bas.
Les écosystèmes payent également un lourd tribut, avec des répercussions sur la biodiversité qui peuvent s’avérer irréversibles. Chaque secteur interconnecté amplifie ainsi les conséquences des sécheresses, créant un effet domino aux implications potentiellement catastrophiques pour les sociétés humaines.
« L’Atlas mondial de la sécheresse met au défi les gouvernements, les chefs d’entreprise et les décideurs politiques à tous les niveaux de repenser radicalement la manière dont ils prennent des décisions et gèrent les risques de sécheresse », a déclaré Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la CNULCD.
Poursuivant, il a appelé toutes les nations, et en particulier les Parties à la CNULCD, à prendre au sérieux les conclusions de l’Atlas. « Lors de la COP16 de la CNULCD, les Parties pourraient changer le cours de l’histoire en faveur de la résilience à la sécheresse. Saisissons l’occasion en sachant que l’Atlas ouvre la voie à un avenir plus résilient pour tous », a plaidé M. Thiaw.
Le rapport souligne que les petits agriculteurs et les groupes marginalisés sont particulièrement exposés. Les disparités dans l’accès à l’eau et aux ressources de résilience aggravent leur vulnérabilité.
Des solutions en perspective
Le rapport propose une approche stratégique triple pour renforcer la résilience face aux sécheresses. En matière de gouvernance, l’accent est mis sur le développement de systèmes d’alerte précoce et de mécanismes financiers innovants. Ces outils permettront aux communautés et aux décideurs d’anticiper et de mieux réagir aux risques de sécheresse.
La gestion des terres constitue un deuxième axe stratégique essentiel. Les experts recommandent la promotion de la restauration des terres et le développement de l’agroforesterie, des pratiques qui peuvent significativement améliorer la capacité des écosystèmes à résister aux périodes de sécheresse.
Enfin, la gestion de l’eau apparaît comme un levier crucial. Les stratégies proposées incluent la réutilisation des eaux usées et la conservation des nappes phréatiques, des solutions concrètes pour préserver et optimiser les ressources hydriques dans un contexte de changement climatique.
« Saisissons cette occasion avec la conviction que l’Atlas offre une voie vers un avenir plus résilient pour tous », a lancé le Secrétaire exécutif de la CNULCD.
ARD/Sf/te/APA