La formation en entrepreneuriat et à la maîtrise des bonnes pratiques d’hygiène en production laitière doit permettre aux bénéficiaires de mieux organiser leur business afin d’accroitre leurs revenus.
La commune de Yang-Yang, localité située dans le département de Linguère à 305 km au Nord-Est de Dakar, a abrité une formation en entrepreneuriat et à la maîtrise des bonnes pratiques d’hygiène en production laitière. L’initiative, portée par AICCRA – Sénégal, a réuni une cinquantaine de femmes qui s’activent dans la chaine de valeur lait.
« A travers cette formation, nous voulons leur inculquer l’esprit entrepreneurial. Il est temps que les femmes changent de pratiques. Nous savons qu’elles maitrisent leurs activités. Notre travail va donc consister à les aider à moderniser leurs productions », a expliqué Dr Sadibou Sow, formateur en entrepreneuriat et Chaines de valeur agricole à l’Institut supérieur de formation agricole et rurale de l’université Alioune Diop de Bambey.
Pour ce faire, Dr Sow a fait recours à l’approche andragogique. Contrairement aux méthodes de formation traditionnelles, basées sur les résultats d’apprentissage, l’andragogie se concentre davantage sur la motivation et la compréhension des besoins des apprenants. L’idée sous-jacente est que les adultes sont plus susceptibles d’apprendre s’ils sont engagés dans une activité qui a une signification personnelle pour eux.
« Grâce à cette approche, elles ont fait ressortir leurs problèmes et ont proposé des solutions. Désormais, elles devraient pouvoir bien négocier leurs prix de vente afin d’accroitre leurs revenus. De même, elles travailleront ensemble pour apporter des solutions aux éventuelles difficultés qu’elles pourraient rencontrer », s’est réjoui le formateur.
Selon Dr Fafa Sow, point focal du projet AICCRA à l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra), cette formation de deux jours a été d’une importance capitale parce qu’elle a été adressée à la cible principale du projet AICCRA. Car, chacune des bénéficiaires a, au moins, deux vaches lactantes et des chèvres lactantes et elles fournissent du lait au centre de collecte de Yang-Yang.
« Le savoir-faire qu’elles ont appris au cours de cette formation va renforcer leur autonomisation. Elles pourront être capable d’identifier les coûts de production, mais également les bénéfices attendus sur les activités de production laitière. Cela leur permettra de trouver des stratégies d’amélioration s’il y a lieu », a-t-il indiqué.
Initiation à la transformation du yaourt
Cette rencontre de deux jours a aussi été l’occasion pour les formateurs de revenir sur les bonnes pratiques d’hygiène en matière de traite au niveau du troupeau, de la collecte et du transport du lait afin de garder intact la qualité du produit. Cette séance a été suivi d’une initiation à la fabrication du yaourt.
« Pour faire du yaourt, il faut pasteuriser le lait à des températures comprises entre 65° et 90° avant de le refroidir entre 45° et 43°. Ensuite, il faut l’ensemencer avec des ferments lactiques avant de verser le tout dans un récipient qui sera hermétiquement fermé et laissé au repos pendant au moins 5h. Durant cette période, les bactéries lactiques vont faire épaissir ou coaguler le lait pour donner du yaourt », a expliqué le chercheur de l’Isra.
Dr Fafa Sow en a profité pour rappeler aux femmes qu’il faut passer par cette procédure de pasteurisation même s’il s’agit de lait frais à consommer. Cela, afin de maitriser la sécurité sanitaire de cet aliment.
Ces deux jours d’échange ont aussi permis de valoriser les autres types de lait comme celui des chèvres. « Il y a une odeur de ranch que l’on constate dans le lait de chèvre et qui empêche les gens de se familiariser avec celui-ci. Le traitement thermique permet de s’en débarrasser. Mieux encore, la transformation de ce lait, avec ses vertus nutritionnelles autant pour les nourrissons que pour les adultes, permet de le conserver, d’en profiter pour la consommation ou d’en vendre. C’est un produit de qualité très recherché sur le marché et qui ne trouve pas assez de fournisseur pour satisfaire la demande », a souligné Dr Sow.
A en croire ce dernier, en transformant ce lait, tous ces préjugés vont se transformer en quelque chose de positif parce que cette odeur dont elles parlent participent fortement à la qualité du yaourt et du fromage fabriqué à partir de ce lait.
ARD/te/APA