Le pays de la Téranga a entamé l’élaboration d’une Stratégie nationale de souveraineté alimentaire d’ici à 2024 pour un coût total de 8,1 milliards de dollars (4.808 milliards Fcfa) et qui doit s’étaler sur cinq ans.
Les efforts soutenus du gouvernement sénégalais ont permis de faire passer pour la période 2011-2022 la production céréalière de 1 502 517 à 3 663 690 tonnes, soit une croissance de 144%. Sur cette même période, la production d’arachide a augmenté de 30% et celle de la production des fruits et légumes de 128%.
Ces évolutions notoires relèvent, selon le Premier ministre Amadou Bâ, qui présidait le 27 avril dernier un Conseil interministériel sur la préparation de la campagne agricole 2023-2024, de l’accroissement des rendements et des superficies cultivées, mais aussi et surtout, de l’effort consenti par l’Etat notamment durant les campagnes agricoles, à travers la subvention des intrants et du matériel agricole.
Malgré tout, le chemin reste encore long pour assurer à tous les Sénégalais une sécurité alimentaire. « Au Sénégal, les données du Cadre harmonisé de mars 2023 montrent que 1,2 million de personnes, soit 7% de la population sont en situation de vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle », a révélé ce mardi à Dakar, Mohamadou Lamine Dia, conseiller technique au ministère de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire (MAERSA).
M. Dia ouvrait une concertation annuelle avec les dispositifs nationaux en charge de la réponse aux crises alimentaires et avec la communauté humanitaire internationale. La rencontre de deux jours est organisée par l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation (ARAA) de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
De l’avis du conseiller technique au MAERSA, la pandémie de la Covid-19, la guerre russo-ukrainienne et l’insécurité dans la sous-région qui accentuent la vulnérabilité alimentaire de la population, ont poussé le « Sénégal à s’orienter résolument vers le renforcement de sa souveraineté alimentaire ».
C’est dans ce cadre, indiquera-t-il, que « notre pays a entamé la formulation de sa Stratégie nationale de souveraineté alimentaire consensuelle (…) pour assurer aux populations l’accessibilité à une alimentation suffisante et de qualité ».
Diagnostiquant l’insécurité alimentaire qui touche plus de 42 millions de personnes en Afrique de l’Ouest, Alain Sy Traoré, directeur de l’Agriculture et du développement rural à la Commission de la Cedeao, a souligné qu’elle s’est fortement dégradée ces dernières années.
Parmi les causes, il a noté « l’insécurité liée au terrorisme et aux autres formes de banditisme, les phénomènes climatiques exceptionnels dans un contexte de changement climatique plus rapide que l’avaient prévu les scientifiques, et la volatilité des prix des denrées attisées par les changements géopolitiques et les conflits mondiaux ».
« L’instabilité des prix internationaux est liée en grande partie aux importations de beaucoup de produits alimentaires et cela accroît l’instabilité déjà forte de nos propres marchés intérieurs. Cela affecte directement le pouvoir d’achat des ménages et plus particulièrement celui des ménages pauvres qui se concentrent maintenant en zone urbaine », a poursuivi Alain Sy Traoré.
Pour inverser cette tendance, il a invité les pays ouest-africains à « agir simultanément et ensemble » par le renforcement de la résilience des ménages, le déploiement de stratégies de développement agricole à très long terme, et la restauration de la paix et de la sécurité.
TE/APA