Les maladies d’origine alimentaire tuent annuellement 420.000 personnes dans le monde alors que le commerce d’aliments de rue fait florès à Ouagadougou, Bamako et Dakar.
En Afrique de l’ouest, les forts taux d’urbanisation et l’instauration d’un système de travail continu ont favorisé la vente d’aliments de rue à l’hygiène souvent douteuse. Leur consommation n’est pas sans péril pour les adeptes au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal, des pays de la région qui expérimentent depuis quinze mois un projet de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en vue d’amoindrir les conséquences fâcheuses de l’insécurité sanitaire des aliments.
Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2015, les maladies d’origine alimentaire entraînent 420.000 décès par an dont un tiers au niveau de la petite enfance. La FAO met donc en œuvre, dans les principales villes de ces trois pays, la troisième phase d’un projet de renforcement de capacités pour la maîtrise de la qualité sanitaire des aliments de la restauration de la rue.
Financée par le Luxembourg à hauteur de 1,9 million d’euros, cette phase a été lancée jeudi 13 avril à l’occasion d’un atelier de deux jours organisé à Dakar. Sa durée d’exécution s’étale de janvier 2022 à décembre 2025. « Le projet est important pour les populations. Il va au-delà des trois pays ciblés. La qualité des aliments est une problématique pour tous les pays de la région et du continent en général », a expliqué Robert Guei, coordonnateur sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’ouest.
En revanche, ce projet, qui « va sensibiliser les consommateurs » pour qu’ils soient plus « exigeants » dans leurs habitudes alimentaires, n’a pas pour but de se substituer au travail effectué par les services d’hygiène nationaux des trois pays, a-t-il assuré. Il « ne remet pas en cause leur efficacité, mais va la renforcer davantage. Nous sommes dans un continent en développement. Nous ne sommes pas encore arrivés à ce stade. Il faut améliorer ce que nous faisons. Le projet permettra à ces services de renforcer leurs capacités de contrôle, définir les standards qu’il faut » pour lesdits pays, a expliqué le non moins représentant-résident de la FAO au Sénégal.
« Perte de productivité de 95 milliards de dollars »
Guei s’est surtout félicité du soutien financier du Grand-Duché de Luxembourg qui entretient « des coopérations de longues années avec les trois pays en question dans les domaines de la santé, la formation professionnelle », entre autres.
Commentant l’appui de son pays, l’ambassadeur Georges Terne souligne que « les besoins sont là et clairement identifiés » au regard des « conditions » de préparation et de vente des aliments dans la rue, une situation qui peut notamment « causer des maladies et décès touchant les enfants de moins de cinq ans ».
Pour le cas du Sénégal, les autorités « ont entrepris d’importantes initiatives » allant dans le sens de renforcer le système de sécurité sanitaire des aliments et d’instaurer les mécanismes de surveillance et de gestion de ces maladies et d’échanges d’informations tant au niveau international que national, a rappelé Marie Khémesse Ngom Ndiaye, ministre sénégalaise de la Santé et de l’Action sociale.
« Sur le plan économique, selon une étude de la Banque Mondiale réalisée en 2019, les aliments insalubres sont à l’origine d’une perte de productivité d’environ 95 milliards de dollars par an dans les pays à revenus faibles et intermédiaires dont 15 milliards de dollars de dépenses de santé. C’est pourquoi, il a été souligné la nécessité pour les gouvernements et aux acteurs de mettre en place des stratégies pour rendre les aliments plus sûrs afin d’éviter ces maladies et décès », a-t-elle indiqué, se disant « grandement honorée » par le choix porté sur le Sénégal parmi les pays pilotes du projet sur la sécurité sanitaire des aliments, un sujet qui « mérite une attention particulière ».
« Nous avons bon espoir qu’à terme nos expériences pourraient contribuer à renforcer les capacités des pays de la sous-région en matière de surveillance, d’alerte et de réponse aux urgences liées à ce secteur », a souligné la ministre.
ODL/APA