Les autorités ont à plusieurs reprises entravé la circulation du personnel humanitaire et médical et des fournitures entre les États soudanais et à l’intérieur de ceux-ci, déplore Médecin Sans Frontières (MSF).
Alors que les pourparlers organisés en Arabie saoudite entre belligérants du conflit soudanais ont été « ajournés », faute de résultats, les combats entre armée et paramilitaires se sont intensifiés sur le terrain. S’il était déjà difficile pour les travailleurs humanitaires de remplir leur mission, l’intensité des affrontements complique davantage les choses.
Dans un communiqué diffusé ce vendredi, l’ONG Médecin Sans Frontières (MSF) affirme que « la violence et l’obstruction bureaucratique mettent en péril les soins médicaux. Les deux parties belligérantes au Soudan entravent les soins médicaux dont ils ont désespérément besoin, laissant les gens sans traitement au milieu d’une crise humanitaire ».
Selon MSF, la violence et les besoins sanitaires aigus persistent dans tout le Soudan, en particulier à Khartoum et au Darfour, alors que les combats se poursuivent entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide pour un troisième mois.
Les équipes médicales et humanitaires de MSF travaillent dans 11 États du Soudan, mais les belligérants entravent de nombreuses tentatives d’expansion des activités vitales, malgré les engagements publics des deux parties à faciliter l’aide humanitaire, dénonce-t-elle.
MSF déplore aussi le fait que les autorités ont à plusieurs reprises entravé la circulation du personnel humanitaire et médical et des fournitures entre les États soudanais et à l’intérieur de ceux-ci.
« Les demandes d’autorisations de voyage de MSF ont été retardées, rejetées, annulées ou non respectées, sans justification claire. Lorsque les permis ont été délivrés, le personnel et les fournitures de MSF ont parfois été refoulés par le personnel de sécurité aux points de contrôle, le personnel étant harcelé, menacé ou détenu », fustige-t-elle.
Les autorités de certains endroits ont indiqué que des escortes armées seraient nécessaires pour l’approvisionnement, compromettant l’indépendance et la neutralité des organisations et du personnel humanitaire et réduisant la capacité de se déplacer sans entrave.
Khartoum a également délivré, d’après MSF, beaucoup moins de visas que ce dont elle a besoin pour faire venir suffisamment de personnel, malgré des demandes et des demandes répétées. Bien que certains visas aient été délivrés, le processus est incohérent et peu fiable, souligne-t-il.
Bien qu’il ne soit pas clair si ces actions sont une tentative délibérée de restreindre l’aide humanitaire, le résultat pour la population est le même : un accès réduit aux soins de santé à un moment où c’est le plus urgent, signale l’organisation française.
A en croire cette dernière, le travail des organisations médicales et humanitaires est en outre physiquement perturbé par les deux parties belligérantes. Les fournitures MSF ont été confisquées, tandis que des groupes armés ont pillé les installations de MSF, battu et menacé le personnel, en particulier le personnel soudanais de MSF.
Depuis le début du conflit, les équipes de MSF au Soudan ont répondu aux besoins médicaux urgents et continuent de le faire dans la mesure du possible. En cinq semaines, les équipes chirurgicales de MSF travaillant à l’hôpital universitaire Bashair, dans le sud de Khartoum, ont traité 1 169 patients, dont plus de 900 avaient subi un traumatisme violent.
ARD/ac/APA