Ces dernières semaines, plusieurs enseignants et élèves ont été arrêtés pour des faits liés à la politique.
Au Sénégal, les événements politico-judiciaires du mois de mars dernier ont eu des répercussions retentissantes dans l’espace scolaire et universitaire. Le secteur éducatif a été fortement perturbé par les manifestations suivies d’arrestation d’élèves et d’enseignants. Ce contexte de tension a conduit à une anticipation de deux jours des vacances de fin de semestre.
Alors que nous nous acheminons vers la reprise des cours ce mercredi 12 avril, des craintes quant au bon déroulement du dernier trimestre avant les examens de fin d’année surgissent. Celles-ci sont d’autant plus plausibles qu’au Sénégal plusieurs études ont souligné que les revendications récurrentes des syndicats d’enseignants ou des élèves éclatent presque toujours lorsque la vie politique est agitée ou quand se préparent des élections.
« Nous avons constaté qu’il y a des menaces qui planent venant du ministère de l’Education et des répliques venant d’organisations d’enseignants. C’est un moment difficile et très sensible parce que cela s’inscrit dans un contexte suffisamment agité », a alerté Cheikh Mbow, Directeur Exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep).
Face à ce constat, cette organisation de la société civile a décidé d’adapter sa traditionnelle campagne « Nos Vacances Pour l’Ecole » à cette période de fête de fin de semestre en organisant, ce mardi à Dakar, une rencontre en vue de mieux cerner les relations entre, d’une part, politique et syndicat, et d’autre part, éducation et élections politiques.
L’objectif est de tirer les meilleurs enseignements pour l’exercice efficace des missions de l’institution scolaire et universitaire. Les échanges ont permis de démontrer qu’il y a une relation réelle entre la stabilité de l’espace politique et celle scolaire.
« Les élèves sont devenus à la fois cibles et acteurs politiques parce qu’une bonne partie d’entre eux sont des primo votants », a fait remarquer Cheikh Mbow, soulignant dans ce cas la nécessité de les accompagner pour qu’ils puissent accomplir correctement leur devoir civique.
Pour ce faire, le Directeur exécutif de la Cosydep a indiqué que les enseignants ont un rôle central à jouer. « Nous nous attendons à ce que les enseignants soient très politiques et non des politiciens. Ce n’est que comme ça qu’ils pourront participer à l’éveil des consciences. Car la politisation de l’espace éducatif est inacceptable », a-t-il souligné.
Pour éviter la fragilisation du système à cause des soubresauts politiques, M. Mbow a relevé l’urgence de rendre fonctionnel le comité de suivi des accords signés entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants. « Cela permettrait d’y régler les questions liées directement au secteur de l’éducation », a-t-il soutenu.
La Cosydep et ses partenaires ont également demandé au chef de l’Etat, garant des libertés individuelles et collectives, de conduire toutes les parties prenantes vers cette période de pacification afin d’assurer la calme et la stabilité nécessaire au bon déroulement du dernier trimestre scolaire.
ARD/ac/APA