En marge du sommet du BRICS à Johannesburg, le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que l’invasion que projette la Cédéao au Niger sera dévastatrice pour des milliers de personnes.
« Je ne pense pas que l’invasion soit bénéfique pour qui que ce soit », a déclaré ce jeudi depuis Johannesburg, le chef de la diplomatie russe qui a, d’ailleurs fait remarquer qu’« une force est déjà en train d’être créée dans une autre partie de la Cédéao pour contrer l’invasion ». Une référence au soutien apporté par les autorités de transition militaire du Burkina et du Mali à leurs homologues du Niger, dans l’éventualité d’une intervention militaire de la Cédéao dans le pays afin de restaurer l’ordre constitutionnel.
Interrogé par l’agence de presse russe TASS, à l’occasion d’une conférence de presse en marge du Sommet des BRICS qui se tient actuellement en Afrique du sud, Sergueï Lavrov a déclaré qu’il ne souhaite vraiment pas « ce genre de scénario » aux pays africains. « Ce serait dévastateur et destructeur pour un grand nombre de pays et des milliers de personnes », a alerté le diplomate russe.
Moscou pour une solution pacifique
C’est la première fois que le ministre des Affaires étrangères de la Russie commente en public la situation politique qui prévaut au Niger ainsi que l’option militaire à laquelle se prépare la Cédéao pour rétablir l’ordre constitutionnel.
Dans un communiqué publié vendredi 11 août 2023 par le ministère russe des Affaires étrangères, Moscou s’était positionné contre toute intervention armée au Niger, estimant que l’usage de la force provoquera « une forte déstabilisation » du pays ainsi que de l’ensemble de la sous-région.
L’annonce de la Russie est intervenue au lendemain de l’annonce par la Cédéao, de l’activation et du déploiement de sa force en attente pour intervenir au Niger en cas d’échec de la diplomatie. Une décision dont le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine (UA) a annoncé, avoir pris note, sans toutefois donner son feu vert à cette option à laquelle s’oppose également des pays voisins du Niger, notamment l’Algérie, le Burkina Faso et le Mali.
« Nous pensons qu’une voie militaire de résolution de la crise au Niger pourrait conduire à une confrontation prolongée dans ce pays africain ainsi qu’à une forte déstabilisation de la situation dans l’ensemble de la région du Sahara et du Sahel », avait indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans son dernier communiqué, une déclaration qui rejoint celle du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui, au lendemain du coup d’état du 26 juillet 2023, a condamné la rupture de l’ordre constitutionnel tout en appelant « à un rétablissement au plus vite de la légalité dans le pays, à la retenue de toutes les parties afin d’éviter d’en arriver à des pertes humaines ».
Depuis le début de la crise politique, des manifestations de soutien à la junte se multiplient à Niamey, la capitale, mais aussi dans les principales villes du pays et à chaque fois, des drapeaux russes sont brandis par les manifestants qui font des appels du pied à Vladimir Poutine.
AYB/ac/APA