La Cédéao privilégie pour le moment la voie pacifique.
Le Sénégal enverra des troupes au Niger si la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest décide d’employer la force pour rétablir l’ordre constitutionnel.
Participant, jeudi 3 août, au traditionnel face-à-face du gouvernement sénégalais avec les journalistes, la ministre des Affaires étrangères, Me Aissata Tall Sall a déclaré que le Sénégal y ira pour deux raisons. « La première, c’est que nous sommes dans une organisation communautaire qui a en a décidé ainsi et le Sénégal est membre de la Cédéao », a expliqué la cheffe de la Diplomatie sénégalaise, ajoutant que le pays « ne peut se soustraire des décisions » de l’institution communautaire.
« La deuxième raison, c’est que la conviction du Sénégal, c’est qu’il faut arrêter ces coups d’Etat », a poursuivi la ministre.
En réponse au renversement du régime de Mohamed Bazoum par des forces de défense et de sécurité nigériennes regroupées au sein d’un Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie (CNSP), la Cédéao a infligé des sanctions économiques et financières contre le Niger. L’organisation régionale qui exige la libération et le rétablissement du président démocratiquement élu dans ses fonctions, a donné un ultimatum d’une semaine aux nouvelles autorités et n’écarte pas la possibilité d’employer la force au cas où ses exigences ne seraient satisfaites.
La junte nigérienne, à travers son chef qui délivrait un message à la nation mercredi soir, a qualifié les sanctions de la Cédéao d’ « inhumaines » et d’ « injustes » et a exprimé sa surprise face au caractère inédit de celles-ci, allant « jusqu’à confisquer les avoirs du Niger ou encore menacer de recourir à la force pour rétablir le régime déchu ». « Pourquoi maintenant et pas le Mali, la Guinée ou le Burkina ? Parce que c’est le coup d’Etat de trop », répond froidement la ministre sénégalaise des Affaires étrangères qui ajoute qu’en étant plus indulgente avec les juntes malienne, guinéenne et burkinabè, la « Cédéao a voulu éprouver sa patience et son dispositif jusqu’au bout en négociant des transitions ». Mais, selon la ministre, les juntes dans ces pays n’ont pas atteint les objectifs pour lesquels ils ont affirmé avoir pris le pouvoir. « La Cédéao a pensé maintenant, il faut y mettre fin. Les militaires (sénégalais) vont y aller. Les états-majors (de la Cédéao) sont en train de se réunir pour voir le modus operandi », a-t-elle conclu.
Face à cette mobilisation de la communauté internationale contre le putsch au Niger, Bamako et Ouagadougou ont exprimé leur soutien aux nouveaux maitres de Niamey et ont mis en garde contre toute intervention armée qui s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le Mali et le Burkina.
AC/APA