Le mandat du groupe d’experts onusiens chargé de superviser l’application de ces sanctions prend fin à cet effet.
C’était à la demande des autorités maliennes que le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté en septembre 2017, la Résolution 2374 imposant des sanctions contre tous ceux qui entravent la mise en œuvre de l’Accord. Parmi les sanctions prévues à cet effet figurent le gel des avoirs et l’interdiction de voyager. Depuis l’adoption de cette résolution, déjà huit personnes ont été sanctionnées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Il s’agit de Ahmed Ag Albachar, homme d’affaires et conseiller spécial du gouverneur de la région de Kidal, Mohamed Ould Mataly ancien député de Bourem et actuel membre du Conseil national de transition (CNT), Houka Houka Ag Alhousseini actuel Cadi à Tombouctou et ancien juge islamique de la ville sous l’occupation en 2012, Mohamed Ben Ahmed Mahri, PDG de Tilemsi Transport, Mahri Sidi Amar Ben Daha dit Yoro Ould Dah, ancien chef du MUJAO tué en février 2020, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, actuel membre du CNT, Ahmoudou Ag Asriw du groupe armé GATIA – se réclamant pro-Etat – et Mahamadou Ag Rhissa du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), ex-rébellion.
Pour superviser l’application de ces sanctions, un groupe d’experts avait été mandaté par le Conseil de sécurité de l’ONU. De plus, en 2020, dans un autre rapport, l’ONU avait cité les noms de deux officiers à savoir l’ancien chef d’Etat-major de l’armée de terre, le Général Kéba Sangaré, actuel gouverneur d’une région dans le sud du pays et le Général Moussa Diawara, ancien Patron de la Sécurité d’Etat. Ces sanctions bien qu’ayant été prononcées n’ont jamais été appliquées contre les concernés.
Par ailleurs, le rapport présenté par le groupe d’experts onusiens récemment devant le Conseil de sécurité mettant en cause « des éléments de l’armée et des mercenaires du groupe Wagner » dans des exactions contre des civils, aurait provoqué l’ire des autorités maliennes soutenues par la Russie. Usant de son droit de véto, ce pays a bloqué la Résolution portée par la France et les Emirats arabes unis prévoyant la prolongation d’un an du régime de sanctions mis en place en 2017 et le mandat du comité d’experts chargé de surveiller son application. Cette résolution a recueilli 13 voix en sa faveur, une abstention (Chine) et une voix contre (Russie). Avec ce véto russe, il est clair que ces sanctions n’auront plus aucun effet puisque l’Etat malien soutient cette démarche.
Dans une lettre adressée au Conseil de Sécurité, les autorités maliennes à travers le chef de la diplomatie ont indiqué que « la raison à l’origine de la demande malienne de mettre en place ce mécanisme a cessé d’exister ». Le ministre Abdoulaye Diop ajoute que « les belligérances entre les parties signataires avaient pris fin ». Pourtant, dans son dernier rapport, le groupe d’experts onusiens avait constaté la « paralysie » de l’application de l’Accord de 2015, soulignant « la montée des tensions » parmi les parties signataires de l’accord.
Récemment des sources ont rapporté des affrontements entre ces dernières notamment à Ber, localité située à une soixantaine de kilomètres au Nord-est de Tombouctou où l’armée a récemment repris le contrôle de la ville qui étaient aux mains des ex-rebelles à la faveur du retrait de la MINUSMA, le 13 août dernier. S’y ajoutent des frappes de l’armée malienne à Anefis, localité située à une centaine de kilomètres au sud de Kidal et dont la CMA accuse que ce sont ses positions qui ont été ciblées. Autant de faits qui montrent la tension qui prévaut actuellement entre parties signataires mettant en péril les maigres acquis du processus de paix.
MD/ac/APA