Bamako a demandé le retrait de la force onusienne.
Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop s’est exprimé, ce vendredi 16 juin, au Conseil des Nations Unies qui s’est réuni sur le rapport de la Minusma couvrant le deuxième trimestre de l’année. Le ministre des Affaires étrangère a, au nom du gouvernement malien, demandé « le retrait sans délai de la Minusma » indiquant l’échec de celle-ci en 10 ans de présence au Mali.
Pour le ministre malien des Affaires étrangères « ni les propositions du Secrétaire général, encore moins le projet de résolution en cours de négociation par les membres de ce Conseil, n’apportent de réponse appropriée aux attentes des Maliens ».
Le ministre assure que le projet de résolution en cours de discussion sur le renouvellement du mandat de la Minusma, prévu le 30 juin prochain, « conforte la récusation de la France en tant que porte-plume tant son contenu est hostile au Mali ».
Selon lui, outre la dimension sécuritaire que les autorités maliennes assurent par leurs propres moyens, celles-ci attendaient « légitimement de la Minusma qu’elle soit une Mission d’assistance et de soutien aux efforts du Gouvernement ». Une mission à laquelle il reproche d’être une partie du problème allant même jusqu’à l’accuser ouvertement d’alimenter « les tensions intercommunautaires exacerbées par des allégations d’une extrême gravité et qui sont fortement préjudiciables à la paix, à la réconciliation et à la cohésion nationale ». Une situation qui, à l’en croire, « engendre un sentiment de méfiance des populations maliennes à l’égard de la Minusma, et une crise de confiance entre les autorités maliennes et la Minusma ».
Tirant le bilan des 10 ans de présence de la Minusma, Abdoulaye Diop dit être parvenu aux conclusions que cette mission « n’a pu apporter les réponses adéquates à la situation sécuritaire au Mali et dont les perspectives de maintien ne répondent pas aux impératifs de sécurité des Maliens.
Au début de l’année, le Secrétaire général de l’Onu avait fait part de trois propositions majeures pour une transformation de la Minusma qui n’évolue pas dans un environnement de maintien de la paix classique. Premièrement, il a suggéré d’augmenter les capacités de manière à permettre à la Mission d’exécuter son mandat dans son intégralité dans tous les secteurs où elle est déployée. Ensuite, il souhaité une poursuite de la mission tout en se concentrant sur les priorités stratégiques avec une présence consolidée, voire réduite. Enfin, il a proposé de retirer les unités en tenue et transformer la Mission en mission politique spéciale.
Bamako a rejeté ces propositions, estimant que ces options « ne répondent pas aux préoccupations et aux attentes maintes fois exprimées par le Gouvernement et les populations du Mali ». D’après le ministre malien des Affaires étrangères, bien que parfaitement conscient que la lutte contre le terrorisme ne fait pas partie de la doctrine des Opérations de paix des Nations Unies, son pays souhaite un changement de posture de la Minusma afin de lui permettre de s’acquitter convenablement de son mandat et d’asseoir des actions de soutien aux efforts du Gouvernement. En clair, ce que veulent les autorités maliennes c’est que la Minusma s’engage aux côtés de ses forces dans la lutte contre le terrorisme, alors que le mandat de ce dernier se concentre essentiellement sur la protection des civils notamment à travers des actions dissuasives et des projets de réductions des violences.
La demande de Bamako intervient à la veille du renouvellement du mandat de celle-ci prévu le 30 juin prochain. Elle intervient également au moment où de plus en plus de voix s’élèvent au Mali pour demander le départ de la mission onusienne estimant qu’elle a échoué dans la sécurisation des populations maliennes. De plus, l’affaire des militaires ivoiriens déclenchée en juillet 2022 et la question des droits de l’homme diversement appréciée depuis le déploiement des partenaires russes, ont exacerbé les relations entre la mission onusienne au Mali et les autorités de la Transition. Lesquelles avaient d’ailleurs imposé des restrictions aux mouvements des casques bleus poussant plusieurs pays à annoncer le retrait de leurs contingents plus tôt que prévu. Autant de faits qui compromettent gravement l’avenir de la mission onusienne au Mali.
Avec cette évolution, il semble désormais clair que la Minusma vit ses derniers instants au Mali sans que ses objectifs liés à la stabilisation du pays ne soient atteints.
MD/ac/APA