Cet incident intervient au moment où la Mission onusienne est de plus en plus acculée au Mali.
Une nouvelle attaque à l’engin explosif improvisé (EEI) a visé les casques bleus de la MINUSMA à une trentaine de kilomètres au nord de la ville de Douentza, dans la matinée du samedi 6 mai dernier. En plus des véhicules très endommagés du fait de la forte déflagration, on déplore au moins sept casques bleus blessés dont certains grièvement.
Dans un message posté sur le réseau social twitter, la mission onusienne au Mali a indiqué que les casques bleus blessés lors de cette attaque « reçoivent les soins appropriés » sans préciser leur nationalité. Toutefois, dans ce secteur, les casques bleus de la MINUSMA qui y évoluent sont issus des contingents togolais, ivoiriens, sénégalais.
Cette nouvelle attaque à l’EEI est la sixième du genre à viser la MINUSMA depuis le début de l’année dans le centre du pays. Rien qu’au mois d’avril dernier, trois attaques ont été recensées dans le secteur de Douentza, dans la région de Mopti, au centre du pays.
La première s’est produite le 11 avril faisant un blessé grave. La seconde a été perpétrée, le 18 avril à Atamba, localité distante de 75 km à l’ouest de Douentza faisant deux blessés et la troisième est survenue, le 19 avril dernier à 53 km au nord-est de Douentza sans faire de blessé.
Depuis le début de l’année, les attaques à l’EEI ont causé la mort de 39 personnes et 86 autres blessées.
Dans un rapport de la MINUSMA publié fin 2022, 245 attaques aux engins explosifs improvisés ont été dénombrées.
Les mines et les engins improvisés ont fait au moins 103 morts en 2021 et 72 en 2022, selon le même document. Ces armes dites « silencieuses » touchent principalement l’armée malienne et la MINUSMA. Mais un quart des victimes sont des civils, selon le rapport.
En 2022, la MINUSMA a perdu au moins 25 casques bleus suite à des actes hostiles.
Toujours en 2022, pour la neuvième année consécutive, la MINUSMA a été la mission de maintien de la paix la plus meurtrière au monde enregistrant au moins 14 casques bleus tués sur 32 qui ont péri dans le monde dont 28 soldats et 4 policiers, y compris une femme, tous tués lors d’attaques délibérées.
Depuis son déploiement, en juillet 2013 au Mali, la MINUSMA a perdu près de 170 casques bleus dans des actes hostiles alors que près de 700 autres ont été blessés.
Cette situation intervient alors que dans quelques jours s’ouvriront les débats sur le renouvellement du mandat de la MINUSMA censé avoir lieu fin juin prochain. Un renouvellement sur fond de tensions avec les autorités de la Transition qui ont réduit significativement les marges de manœuvres de la mission onusienne, notamment dans ses déplacements. En raison de ces tensions, de nombreux pays comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Suède, la Côte d’Ivoire, le Bénin, l’Egypte et la Jordanie ont annoncé le retrait de leurs contingents. Le retrait imminent de ces contingents met déjà sérieusement en péril l’avenir de cette mission. De plus, la présence de la MINUSMA divise notamment certains acteurs de la société civile malienne partagés entre son maintien et son départ.
MD/ac/APA