Le dernier État indépendant de l’Afrique devient le 112e pays à rejoindre ce traité international humanitaire et de désarmement qui interdit totalement l’emploi, la production, le stockage et le transfert de cette catégorie d’armes et prévoit leur enlèvement et leur destruction.
Une bombe à sous-munitions se présente comme un conteneur, rempli de mini-bombes explosives, appelées « sous-munitions ». Ce conteneur peut être un obus, une roquette, un missile… Largué par avion ou voie terrestre, il s’ouvre en vol et libère les sous-munitions. Un véritable tapis de bombes tombe alors sans précision sur de larges surfaces.
Selon l’ONG Handicap international, jusqu’à 40 % des sous-munitions n’explosent pas quand elles touchent le sol : soit elles sont trop légères, soit le sol est trop meuble, soit un dysfonctionnement l’empêche d’exploser. Toujours actives, ces sous-munitions deviennent aussi dangereuses que des mines antipersonnel. Elles peuvent exploser à tout moment, dès la moindre manipulation. Des zones entières deviennent alors inhabitables, entravant la reprise de la vie sociale et économique, forçant les populations à se déplacer.
Ces restes explosifs constituent une menace pour les civils parfois des dizaines d’années après un conflit. Les civils représentent 97 % des victimes recensées, parmi lesquelles 66 % d’enfants. « En interdisant les bombes à fragmentation, le Soudan du Sud franchit une étape importante pour renforcer la paix et la sécurité internationales », a déclaré Mary Wareham, directrice par intérim des armes à Human Rights Watch et présidente de la Cluster Munition Coalition, citée dans un communiqué diffusé ce lundi.
Selon Mme Wareham, « d’autres pays devraient suivre l’exemple du Soudan du Sud, car empêcher une nouvelle utilisation des armes à sous-munitions est un impératif humanitaire et des droits de l’homme. »
Juba a adhéré à la Convention internationale sur les armes à sous-munitions le 3 août 2023. Il avait exprimé son intérêt à rejoindre la convention depuis qu’il est devenu un État indépendant le 9 juillet 2011. Le Conseil exécutif des ministres a approuvé à l’unanimité son adhésion à la convention en 2017 et a renvoyé la question au parlement pour approbation législative.
Le Soudan du Sud participe en tant qu’observateur aux réunions formelles de la convention depuis 2011. Il a adhéré au traité international interdisant les mines terrestres antipersonnel le 11 novembre 2011, par le biais du processus de « succession » après avoir obtenu son indépendance du Soudan.
Juba a également fourni des rapports de transparence volontaires à la convention en 2020 et 2021. Ceux-ci confirment qu’il ne possède aucun stock d’armes à sous-munitions. En 2014, il a déclaré qu’il n’avait pas produit d’armes à sous-munitions et qu’il n’avait pas l’intention de les acquérir ou de les utiliser.
L’Autorité nationale de lutte antimines du Soudan du Sud devrait intensifier ses efforts pour éliminer les restes d’armes à sous-munitions et aider les victimes de ces armes, a déclaré Human Rights Watch.
En plus des 112 États qui sont parties à la Convention sur les armes à sous-munitions, qui est entrée en vigueur le 1er août 2010, 12 autres ont signé la convention mais ne l’ont pas encore ratifiée. Le Nigeria a été le précédent pays à ratifier la convention, le 28 février 2023.
Huit des pays signataires qui n’ont pas ratifié la convention se trouvent en Afrique : l’Angola, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, Djibouti, le Kenya, le Libéria, la Tanzanie et l’Ouganda. Les autres sont Chypre, Haïti, l’Indonésie et la Jamaïque.
Dix autres pays d’Afrique n’ont pas adhéré à la convention : l’Algérie, l’Égypte, la Guinée équatoriale, l’Érythrée, l’Éthiopie, le Gabon, la Libye, le Maroc, le Soudan et le Zimbabwe.
ARD/ac/APA