Le Conseil de sécurité a examiné mardi la situation politique, sécuritaire et humanitaire en Afrique de l’Ouest et au Sahel.
Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), Léonardo Santos Simão, a présenté au Conseil de Sécurité des Nations Unies, le dernier rapport du Secrétaire général sur les activités d’UNOWAS.
Le rapport couvre la période du 31 décembre 2022 au 29 juin 2023. Il note la persistance des tensions sociopolitiques et le rétrécissement de l’espace civique et politique, la situation humanitaire qui s’est aggravée avec la détérioration de la sécurité, le rôle des femmes, notamment dans le cadre de la mise en œuvre de l’Agenda paix et sécurité.
Les activités de la Commission mixte Cameroun-Nigeria relatives à la démarcation de la frontière, ont été les points majeurs abordés par M. Simao lors de sa première présentation du rapport du Secrétaire général au Conseil de sécurité en tant que Représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.
Situation socio-politique et humanitaire
Devant les membres du Conseil de sécurité, M. Simao a souligné que bien que les élections dans plusieurs pays aient marqué des étapes importantes vers la consolidation démocratique, elles ont souvent été très disputées, mettant en lumière de véritables défis.
« Dans certains pays, on s’est inquiété du rétrécissement de l’espace civique et politique, du manque de transparence dans la comptabilisation et la transmission des votes, ce qui a sapé la confiance des citoyens dans les processus électoraux », a-t-il déploré.
Toujours sur le plan politique, prenant bonne note des processus de transitions en cours en Guinée, et au Burkina Faso pour un retour à l’ordre constitutionnel dans les temps impartis, M. Simão a insisté sur « la nécessité de converger les efforts pour atteindre cet objectif majeur. »
Le Représentant spécial a mentionné la situation humanitaire préoccupante avec les 6,3 millions de personnes déplacées à travers le Sahel et a souligné que le « taux d’insécurité alimentaire alarmant dans la sous-région, notamment dans les zones où l’instabilité, a provoqué l’interruption de la production agricole. »
La situation sécuritaire dans le Sahel central continue à se détériorer et l’insécurité continue à s’étendre vers le sud, dans les pays côtiers, tandis que l’on note une baisse des attaques terroristes et des décès liés à l’insécurité dans et autour des régions du bassin du lac Tchad, au Niger et au Nigeria.
« La force multinationale mixte dans le bassin du lac Tchad a montré que les efforts régionaux peuvent créer un environnement favorable qui a donné lieu à des signes d’amélioration dans le bassin du lac Tchad », a dit M. Simão.
Propositions de l’ONU pour endiguer l’insécurité
Léonardo Santos Simão a en outre appelé à « un engagement politique et financier soutenu pour rendre opérationnelles les activités prévues dans le cadre de l’initiative d’Accra » et à « unir les forces, avec l’Union africaine, la CEDEAO et les États membres concernés, pour prendre des mesures décisives afin d’endiguer l’insécurité au Sahel. »
Le Représentant spécial a salué les progrès accomplis par la Commission mixte Cameroun-Nigeria en charge de la mise en œuvre de l’arrêt de la Cour Internationale de Justice sur le conflit frontalier entre les deux pays, depuis sa création en 2002.
« La cartographie finale et la construction des bornes délimitant la frontière entre les deux pays progressent régulièrement, seuls trois points de désaccord subsistant » a-t-il dit. Il a appelé à un soutien financier pour renforcer la confiance entre les communautés concernées.
M. Simão a appelé à un plus grand engagement dans la mise en œuvre de l’Agenda Femmes, paix et sécurité, et de l’Agenda des jeunes pour la paix et la sécurité. « Malgré les avancées encourageantes vers la consolidation démocratique, la sous-représentation persistante des femmes de la région dans les processus politiques et la prise de décision ne prive pas seulement la moitié de la population de droits essentiels, mais constitue également un obstacle majeur au développement » a déclaré le Représentant.
Le Représentant spécial a réitéré l’engagement d’UNOWAS à collaborer avec les partenaires régionaux et internationaux « pour consolider la paix, la sécurité et la démocratie dont l’Afrique de l’Ouest et le Sahel ont tant besoin. »
AP/APA