Les forces armées ougandaises ont été déployées en RDC dans le cadre de la lutte contre les insurgés des Forces démocratiques alliées liées à l’organisation jihadiste, l’Etat islamique.
Les relations entre Kinshasa et Kampala risquent de s’envenimer à la suite d’informations selon lesquelles des soldats ougandais seraient impliqués dans le trafic de bois, ont rapporté jeudi les médias locaux.
Interviewé par un média local, Mbusa Mukanda, un défenseur des droits de l’homme bien connu dans le territoire de Rutshuru a affirmé que « les soldats ougandais venus dans le cadre de la mission de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) ont abattu plus d’un million d’arbres dans l’entité de la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo ».
Il a ajouté que « plusieurs militaires ougandais de la CEA étaient impliqués dans l’exploitation du bois dans le parc national des Virunga, précisément à Mabenga, sur le tronçon Mabenga-Mayamoto, dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu ».
« Ces militaires ougandais amènent des machinistes pour abattre ces arbres, afin de les utiliser comme planches et charbon qu’ils exportent vers l’Ouganda, via le poste frontière de Bunagana », a accusé Mukanda.
Selon lui, un grand nombre de ces soldats ougandais sont actifs dans l’exploitation forestière dans le parc national des Virunga. Il accuse ces opérateurs militaires de souiller ainsi le site RAMSAR et le patrimoine mondial de l’UNESCO.
« Que ces actes ne restent pas impunis par des militaires transformés en bûcherons. C’est un manque de respect pour le pays qui leur a fait confiance. Nous souhaitons que des enquêtes soient menées afin d’appréhender et de punir les coupables », a-t-il plaidé.
Il y a quelques mois, quatorze ONG du Nord-Kivu, actives dans les secteurs de l’environnement, du foncier, de l’aménagement du territoire et des droits de l’homme, avaient, dans leur rapport d’enquête, fait état des mêmes activités illégales dans cette partie du pays.
Ces défenseurs des droits de l’homme travaillant dans le territoire de Rutshuru appellent le gouvernement congolais à la vigilance et à mettre fin à la destruction de l’environnement.
« L’activisme des groupes armés dans le parc des Virunga laisse à désirer. Sur l’axe Mabenga-Kabaraza-Kamunga, dans le territoire de Rutshuru, les militaires ougandais déployés au nom de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) ont été clairement identifiés parmi les trafiquants des ressources naturelles du parc et ils exercent sans être inquiétés », ont déclaré les activistes.
Selon des informations émanant de la société civile congolaise, les contingents ougandais escortent même les véhicules qui transportent les produits issus du pillage vers Bunagana, une ville frontalière entre la RDC et l’Ouganda.
Le groupe d’ONG a profité de cette occasion pour dénoncer l’implication de certains éléments des FARDC dans la destruction du parc de la Salonga, le plus ancien parc d’Afrique, dans le territoire de Nyiragongo.
La Force de défense du peuple de l’Ouganda (UPDF, sigle anglais) a envoyé des troupes en RDC dans le cadre la lutte contre le groupe jihadiste des Forces démocratiques alliées (ADF). Ces insurgés originaires de l’Ouganda sont actifs dans l’est de la RDC où ils sont responsables de plusieurs attaques contre les Forces de défense et de sécurité et les civils. Le groupe est la succursale de l’Etat islamique en Afrique centrale depuis 2019.
CU/fss/ac/APA