La problématique de l’inflation est le sujet principal traité par les hebdomadaires marocains parus ce samedi.
+TelQuel+, qui évoque le relèvement du taux directeur à 3% décidé par la Banque centrale, constate que depuis qu’il est gouverneur de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri a fait du taux d’inflation l’alpha et l’oméga de sa politique monétaire, estimant que ce taux doit demeurer aux alentours de 2% quelles qu’en soient les circonstances et les conséquences.
Mais, ce relèvement a été décidé à un moment où l’économie « a plus que jamais besoin d’un coup de pouce », et même si les deux premières hausses du taux directeur “n’ont eu aucun effet palpable sur l’inflation”, déplore l’hebdomadaire.
Cet “entêtement” dans une voie menant vers l’impasse est inexplicable: il s’agit soit d’une pensée magique, soit d’un dogme imperméable à l’épreuve des faits, d’autant, hélas, que l’inflation que connaît le Maroc est essentiellement importée, relève-t-il.
L’inflation des fruits et légumes est plus ou moins contrôlable par l’action humaine et le gouvernement avait promis de faire pression sur les intermédiaires, les distributeurs, les grandes surfaces pour aboutir à une baisse des prix aux consommateurs.
Et si l’Exécutif a échoué à ramener à la raison tous les intervenants de la chaîne de valeur qui ont profité de ce climat inflationniste pour augmenter leurs marges, cela n’a rien à voir avec la politique monétaire, note-t-il.
Plus incroyable: en dépit de cette hausse du taux directeur qui hypothèque la croissance économique, la Banque centrale elle-même prévoit un taux d’inflation de 5,5% en 2023, ajoute-t-il.
Même tonalité chez +Maroc hebdo+, qui estime qu’on a l’impression qu’Abdellatif Jouahri avoue ses “échecs’’.
La raison: malgré ce relèvement du taux directeur, l’inflation devrait rester, selon la Banque centrale, à des niveaux élevés à moyen terme, en raison essentiellement de la flambée des prix de certains produits alimentaires, mais aussi du démarrage programmé de la décompensation des prix des produits subventionnés en 2024, explique la publication.
Ce qui montre clairement que Jouahri insinue que le gouvernement n’exerce pas, comme il se doit, ses prérogatives de contrôle des prix et de régulation de l’approvisionnement des marchés, pense-t-il.
En septembre puis en décembre 2022, déjà, la Banque centrale avait revu à la hausse le taux directeur, chaque fois de 0,5%, afin de freiner l’inflation des prix et préserver le pouvoir d’achat et la dignité des Marocains, mais “ rien de cela n’a été atteint. L’inflation a continué à grimper de plus belle”, déplore-t-il.
+Finances News hebdo+ estime que les Marocains vont devoir continuer à composer avec l’inflation pendant quelques mois encore, soulignant que les tensions sur les prix des produits alimentaires en particulier se sont certes atténuées, mais que les niveaux des prix restent assez élevés.
Selon les chiffres du HCP rendus publics au cours de la semaine, le taux d’inflation se situe à 10,1% en février sur un an, conséquence de la hausse de l’indice des produits alimentaires de 20,1% et de celui des produits non alimentaires de 3,6%, rapporte l’éditorialiste.
Face à cette situation, la Banque centrale vient d’opérer sa troisième hausse du taux directeur, dans l’objectif de «prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer davantage l’ancrage des anticipations d’inflation en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix».
En effet, le pouvoir d’achat des citoyens est toujours laminé par le niveau des prix des produits alimentaires, encore davantage en cette période de Ramadan où la spirale inflationniste s’amplifie, constate-t-il, notant que le gouvernement “ne veut visiblement pas voir” cette “réalité de terrain”, et continue toujours de tenir des discours rassurants, insistant entre autres sur le renforcement des mesures de contrôle des prix et la traque des spéculateurs indélicats.
Face aux chocs de l’offre, le gouvernement doit prendre des “mesures chocs”, au lieu d’être dans “un déni permanent”, soutient-il.
HA/APA