La gestion de l’eau au Maroc est le sujet principal traité par la presse hebdomadaire marocaine.
+Telquel+ écrit que la ressource hydrique annuelle a chuté de 7 milliards de m3 avant 2017 à 5 milliards de m3 en moyenne ces six dernières années et que la raréfaction des précipitations, dans un contexte de sécheresse s’étirant sur cinq ans, donne lieu à une érosion de 67% des ressources en eau depuis le début de la campagne agricole.
Face à cela, le ministre de l’Équipement et de l’eau a préconisé notamment la rationalisation de la ressource, tout en alertant sur la possibilité pour l’État de recourir à des coupures d’approvisionnement « dans certaines zones, à certaines heures ».
Or, ce discours sème l’effroi chez le Marocain lambda qui se projette déjà ouvrant son robinet sans qu’il en tombe une goutte d’eau potable, note la publication.
Le journal se demande si l’alarmisme du ministre qui cible une opinion publique déjà apeurée est justifié ou bien il consiste simplement à détourner l’attention des Marocains de problèmes plus immédiats, d’autant plus que dans son narratif, Baraka se garde bien de s’attaquer au gros morceau de la problématique : l’agriculture, qui capte près de 87% de la ressource disponible.
Entre 2021 et 2022, les exportations de produits agricoles ont connu une hausse de 20%, atteignant les 23 millions de tonnes et nul n’ignore que cette production, qui rapporte 80 milliards de dirhams en devises, s’accapare les morceaux de choix des surfaces irriguées, relève-t-il, notant que ce tropisme envers des cultures gourmandes en eau est appelé à durer, car l’enjeu en matière de revenus et d’emploi est trop grand.
De ce fait, avant d’en venir à exiger un effort de la part des consommateurs, à travers une augmentation des tarifs de l’eau ou une rationalisation forcée, Baraka devrait d’abord s’attaquer aux grands foyers de gaspillage, accélérer la construction de nouvelles infrastructures, préserver les nappes phréatiques, retraiter les eaux usées, optimiser l’efficacité des réseaux de distribution et peser afin que le mix de nos exportations soit beaucoup moins hydrophage, suggère-t-il.
Pour +La Nouvelle Tribune+, s’il y a un sujet que le changement d’année n’a pas impacté c’est bien celui de la question de la gestion de l’eau au Maroc, notant que l’agriculture souffre du manque d’eau alors qu’elle continue d’être un pilier de l’économie nationale avec un impact direct sur les ménages marocains.
Face à une situation qui se révèle de plus en plus alarmante, le ministre de l’Intérieur a adressé en décembre une circulaire aux walis des régions et gouverneurs des préfectures et provinces du Royaume, appelant à la mise en œuvre d’actions empreintes de rigueur pour la rationalisation de l’exploitation de nos ressources en eau, rapporte l’hebdomadaire.
Plusieurs actions ont été recommandées, dont l’interdiction de cultures aquavores, qui sont soumises à la concertation avec le département de l’Agriculture, telles que celles de l’avocat et de la tomate qui, gorgées d’eau, entraînent un effet pervers de ce type d’exploitation destinées à l’export mais qui plombent nos ressources hydriques, note-t-il.
Le seul acteur qui ne semble pas encore avoir pris conscience des changements que nous vivons, c’est le citoyen marocain, car sans sensibilisation constante et sans sanctions, les mentalités et les usages ne changeront pas assez vite, estime-t-il.
HA/APA