L’opposante Abir Moussi avait dénoncé des « violations » lors des législatives. Emprisonnée depuis octobre 2023, elle va être déférée devant la chambre pénale. Ses avocats parlent de « persécution judiciaire et politique ».
Abir Moussi, figure de l’opposition tunisienne et présidente du Parti Destourien Libre (PDL), emprisonnée depuis octobre 2023, sera déférée ce lundi 22 juillet devant la chambre pénale du Tribunal de première instance de Tunis. Cette audience intervient dans un contexte de crise politique aiguë, à seulement quelques mois des élections présidentielles prévues pour le 6 octobre 2024.
Le collectif de défense de Moussi a indiqué que cette convocation fait suite à une plainte déposée par l’Autorité tunisienne des élections, concernant les déclarations de l’opposante durant une manifestation en janvier 2023. Lors de ce rassemblement, Moussi avait dénoncé des « violations » lors des élections législatives.
En outre, une autre plainte émanant de la Haute Instance Indépendante pour les Élections reprend des accusations similaires, cette fois liées à un colloque organisé par le PDL en novembre 2022. Moussi y avait critiqué le processus électoral, remettant en question la transparence et l’équité des élections.
Instrumentalisation
Le collectif de défense a souligné que Moussi encourt jusqu’à dix ans de prison pour les accusations se rapportant à novembre 2022, et cinq ans pour celles de janvier 2023, simplement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression et rempli son rôle de chef de parti politique d’opposition. Selon ses avocats, il s’agit d’une persécution judiciaire et politique orchestrée pour entraver sa participation aux prochaines élections présidentielles.
Dans un communiqué, le collectif de défense exprime ses inquiétudes concernant l’utilisation de l’appareil judiciaire pour restreindre la liberté individuelle et museler l’opposition : « Cette procédure judiciaire s’inscrit dans une logique de harcèlement et de violence politique contre Abir Moussi, uniquement pour avoir exprimé ses opinions et contesté les politiques ayant conduit à l’échec gouvernemental », déclare le texte.
Le collectif met également en garde contre les dangers d’une justice instrumentalisée, abandonnant son devoir constitutionnel de protéger les droits et libertés fondamentales : « La judiciarisation de la politique menace de vider de leur substance les droits garantis par la Constitution et les traités internationaux ratifiés par la Tunisie, tout en servant d’outil de répression. »
Crédibilité du processus électoral
Par ailleurs, les avocats de Moussi dénoncent le refus de la Haute Instance indépendante pour les élections de transmettre les formulaires de parrainage nécessaires pour finaliser sa candidature à la présidence : « Cette instance, en plaçant des obstacles sur la participation d’Abir Moussi, viole les principes de neutralité et d’indépendance qui devraient régir son fonctionnement.
Le refus de remettre ces formulaires aux avocats de Moussi constitue une tentative manifeste de l’empêcher de concourir à l’élection présidentielle, portant ainsi atteinte à la crédibilité et à la légitimité du processus électoral de 2024. »
Le collectif de défense a, par ailleurs, saisi le Tribunal administratif pour contester cette décision, invoquant le chapitre 46 de la Loi fondamentale tunisienne relative aux élections et aux référendums. Selon eux, la procédure de réception des formulaires de parrainage fait partie intégrante du processus de candidature et toute entrave à celle-ci constitue une violation des droits électoraux.
MN/Sf/te/APA