Le président tchadien, Mahamat Idriss Déby Itno est visé en France par une enquête préliminaire du parquet national financier pour des soupçons de détournement de fonds publics.
Depuis la révélation, début juillet, de l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet national financier français contre le président tchadien, le monde politique est en ébullition. Ses partisans dénoncent un acharnement.
Si pour l’heure, ni la Présidence ni le gouvernement n’ont fait de commentaires sur l’affaire, le sujet s’est invité au Conseil national de transition (CNT), un organe qui fait office de parlement.
A l’ouverture de la 2e session extraordinaire de cette institution, son 1er vice-président, Ali Kolotou Tchaimi a dénoncé « une enquête qui a vocation à ternir l’image et la réputation du Tchad sur la scène internationale. »
« Le Conseil national de transition condamne avec fermeté cette accusation lâche qui, non seulement jette du discrédit sur le Chef de l’Etat, mais aussi et surtout, porte atteinte à la souveraineté de notre pays et, au-delà, au peuple tchadien qui vient d’accorder largement son suffrage au Président de la République », a réagi Ali Kolotou Tchaimi.
Face à cette accusation, « le Conseil national de transition apporte son soutien indéfectible au président de la République et lui témoigne toute sa solidarité et sa sympathie », a assuré le 1er vice-président de cet organe.
En décembre 2023, une enquête de Médiapart révèlait l’achat chez un couturier français de plusieurs costumes et chemises de luxe par le chef de l’Etat tchadien. 57 costumes d’une valeur unitaire allant de 9 000 à 13 000 euros, 100 chemises à 800 euros la pièce, ou encore neuf sahariennes à 7 500 euros chacune. Le tout estimé à plus de 915 000 euros, soit plus de 600 millions de francs CFA.
En avril 2024, le mis en cause s’est exprimé sur cette affaire à travers son œuvre autobiographique « De bédouin à président ». Dans cette œuvre, il a qualifié cette affaire de « symbole de la manipulation politique. »
Le chef de l’Etat reconnait avoir reçu des costumes de son ancien conseiller Abakar Manany, tout en se dédouanant de les avoir commandés ou achetés. « Je les ai portés deux ou trois fois en tout et pour tout, sans savoir comment Manany les avait achetés, ou bien auprès de quelle entreprise il avait négocié de se faire payer la facture. Je n’en savais rien, j’étais mis devant le fait accompli », a-t-il écrit à la page 130 de son livre.
CA/te/Sf/APA