Des manifestants sont de nouveau descendus dans la rue mercredi au Mozambique pour dénoncer des fraudes aux élections d’octobre et l’un des rassemblements a été dispersé à balles réelles par la police, selon des témoins, la presse locale faisant état de deux morts.
A Nampula, ville du nord de ce pays d’Afrique australe, « deux personnes ont été tuées par la police et deux autres blessées par balle« , affirme le journal Ikweli. Les heurts ont été confirmés à l’AFP par plusieurs témoins.
« Vers 8H00, des jeunes se sont rassemblés dans le quartier de Namicopo pour marcher vers le centre-ville de Nampula. Mais la police a bouclé toutes les rues du quartier et a commencé à tirer sur les manifestants« , a raconté à l’AFP Ivaldo Nazare, un militant de la société civile.
Mercredi marquait la première de trois nouvelles journées de manifestations à l’appel du principal opposant Venancio Mondlane, qui revendique la victoire aux élections du 9 octobre et dénonce des fraudes au profit du Frelimo, formation au pouvoir depuis l’indépendance en 1975.
Ses partisans ont bloqué la circulation à la frontière de Ressano Garcia, où des dizaines de camions en direction de l’Afrique du Sud ont été bloqués, ont observé des journalistes de l’AFP.
L’Autorité sud-africaine de gestion des frontières (BMA) a confirmé que son poste-frontière de Lebombo avait suspendu le transit vers le Mozambique en raison d’une « manifestation continue et intense« .
« Nous fermons la frontière, nous faisons tout ce que nous pouvons pour attirer l’attention et que tout le monde puisse voir ce qu’il se passe », a déclaré à l’AFP Fenias Matavel, l’une des manifestantes à Ressano Garcia.
Déjà fermé par intermittence la semaine dernière, ce poste-frontière est essentiel pour les exportateurs sud-africains faisant transiter leurs marchandises par les ports en eau profonde de Matola et Maputo.
D’après l’ONG anticorruption Public Integrity Center (CIP), les élections générales du 9 octobre au Mozambique sont « les plus frauduleuses depuis 1999″.
Le Conseil constitutionnel doit confirmer les résultats électoraux au moins deux semaines avant l’investiture en janvier de Daniel Chapo, le candidat du Frelimo déclaré vainqueur et devant succéder au président sortant Filipe Nyusi.
Au moins trente personnes sont mortes dans des violences post-électorales depuis le 19 octobre et l’assassinat de deux figures de l’opposition, selon un décompte de l’ONG Human Rights Watch (HRW) effectué la semaine dernière avant une marche jeudi dernier à Maputo qui a fait de nouvelles victimes.
TE/Sf/APA avec AFP