L’adaptation aux effets néfastes du changement climatique exige une innovation plus rapide dans la recherche agricole selon le chercheur sénégalais, Dr Ousmane Ndoye.
En Afrique de l’Ouest, le secteur agricole est appelé à assurer la sécurité alimentaire locale et à contribuer à la croissance économique. L’économie de la sous-région repose en effet fortement sur ce secteur qui représente environ 35% du produit intérieur brut (PIB) de la zone et emploie 60% de la population active.
Cependant, plusieurs facteurs dont la disponibilité de semences de qualité et résilientes au changement climatique entravent la croissance de la productivité agricole. Cette situation pourrait exacerber les conflits existants dans la zone sahélienne et en déclencher de nouveaux, ce qui entravera les gouvernements dans leurs efforts pour parvenir à la sécurité alimentaire.
C’est pourquoi, « il faut permettre aux chercheurs qui créent les variétés dans les laboratoires des centres de recherche agricole de pouvoir le faire dans un laps de temps très court », a plaidé, lundi à Dakar, le coordonnateur du projet ABEE, Dr Ousmane Ndoye.
S’exprimant lors de l’ouverture de la réunion annuelle du projet ABEE qui se tient dans la capitale sénégalaise du 21 au 23 novembre, il a rappelé que par le passé, la mise sur pied d’une nouvelle variété prenait 10 voire 15 ans.
« Maintenant, grâce aux nouvelles technologies, la biologie moléculaire et la digitalisation des activités de sélection, nous pensons pouvoir avoir des variétés en 3 voire 5 ans », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité de fournir plus de moyens techniques et financiers aux scientifiques.
Pour relever ces défis, l’Union Européenne (UE), en collaboration avec le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (Coraf) a mis en place l’initiative DeSIRA (Development Smart Innovation through Research in Agriculture). Son objectif est de relier plus efficacement les résultats de la recherche et l’innovation aux initiatives de développement pour maximiser leurs impacts sur le terrain.
Dans le cadre de DeSIRA, l’UE a accordé une subvention de financement de 8 millions d’euros pour exécuter un projet intitulé : « Renforcement des réseaux et des capacités institutionnelles en amélioration des plantes pour le développement de cultures résilientes répondant aux besoins des paysans d’Afrique de l’Ouest – West Africa Breeding networks and Extension Empowerment (ABEE) ».
ABEE est un projet régional (Burkina Faso, Niger et Sénégal) coordonné par le Coraf et exécuté par l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles du Burkina Faso (Inera), l’Institut national de la recherche agronomique du Niger (Inran) et l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra), avec l’appui technique du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et de IBP (Integrated Breeding Platform) représenté dans le consortium par AfricaRice.
L’objectif du projet ABEE est de mettre en œuvre une approche mieux coordonnée en sélection variétale, tant au niveau régional que national, en plaçant les sélectionneurs au cœur de l’action pour améliorer et moderniser leurs pratiques de sélection et mieux identifier les demandes du marché.
ARD/te/APA