Plusieurs modalités de recouvrement dans le cadre de la Couverture maladie universelle (CMU) visant les populations en milieu agricole en Côte d’Ivoire, ont été identifiées mardi à Abidjan, lors d’un atelier sur l’état des lieux des initiatives de protection sociale en zone rurale.
L’atelier, « sponsorisé » par le Bureau de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en Côte d’Ivoire, a réuni les acteurs du monde agricole et des partenaires techniques et financiers autour du thème « l’état des lieux des initiatives de la protection sociale en milieu rural ».
Plus de 2,6 millions de personnes sont enrôlées à la CMU et quelque 700 000 cartes distribuées. Selon M. Germain Aguié Amafon, représentant du ministre de l’Emploi et de la protection sociale, «le monde agricole qui crée la richesse, devrait tout naturellement bénéficier de cette protection sociale».
Dans un exposé, Silué Nanga, le directeur du Laboratoire d’étude sur le droit et le développement de l’université Alassane Ouattara (LEDD-CI) de Bouaké (Centre, Côte d’Ivoire), a dévoilé une étude sur les différents prélèvements pouvant être opérés dans les filières agricoles.
Ces études élaborées pour le compte de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), ont porté notamment sur des cultures de rente : les filières café-cacao, anacarde, hévéa, palmier à huile, coton et la canne à sucre. D’autres études devraient prendre en compte les cultures vivrières.
L’organisation des filières agricoles est selon M. Silué une clé pour le recouvrement de la prime d’assurance, fixée à 1 000 Fcfa par personnes et par mois. Il a énuméré dans l’écosystème agricole, les acteurs agricoles: les exploitants agricoles, les travailleurs agricoles, les producteurs industriels, les commerçants et les transformateurs.
L’étude du LEDD-CI recommande le recouvrement à travers le Droit unique de sortie (DUS) pour les filières café-cacao et anacarde, puis le prélèvement par les usiniers pour les secteurs palmier à huile et hévéa. Outre cela, les participants ont proposé le recouvrement via les coopératives et les mutuelles des communautés rurales.
M. Samy Gaiji, représentant de la FAO en Côte d’Ivoire, s’est félicité de l’étude du LEDD-CI qui montre qu’un prélèvement sur les bénéfices qui sont engendrés par le producteur dans le circuit commercial et réinjecté dans la protection sociale, peut couvrir les risques sanitaires des acteurs agricoles.
La FAO, dira-t-il, voudrait intégrer la protection sociale dans tous ses projets. Toute chose qui a motivé l’intérêt de l’institution à considérer la protection sociale dans son portefeuille d’activité en vue de donner une assurance santé au monde agricole qui n’a pas accès à la protection sociale.
Dans ce contexte, l’organisation est en discussion avec l’Etat de Côte d’Ivoire pour intégrer la composante protection sociale dans les projets de la FAO tant au niveau des communautés locales, des associations agricoles que des coopératives agricoles, a-t-il insinué.
Selon M. Samy Gaiji, la protection sociale est un moyen de résilience des personnes vulnérables qui travaillent dans le domaine agricole. La FAO veut de ce fait assurer la prise en charge sanitaire des populations agricoles à travers la Couverture maladie universelle (CMU) initiée depuis 2014 par l’Etat ivoirien.
Elle veut en outre promouvoir les mécanismes et les politiques sociales en vue de l’autonomisation des populations et favoriser de nouvelles opportunités génératrices de revenus tout en soutenant les agriculteurs et les ménages ruraux à surmonter les contraintes financières.
En Côte d’Ivoire, 60% de la population active vit de l’agriculture et contribue au Produit intérieur brut à plus de 22%. Ce qui dénote de l’importance de travailler sur la protection sociale dans le domaine agricole. Cet atelier vise notamment à développer des services de protection sociale plus adéquats.
La Couverture maladie universelle est actuellement dans sa phase de généralisation. Durant deux jours, les participants à cet atelier devront peaufiner les modèles de recouvrement des primes d’assurance en milieu agricole aux fins de les reverser à la CNAM.
AP/ls/APA