Des produits de crédit commercial spécifiques ont été développés avec les institutions bancaires et financières en faveur des coopératives et des producteurs.
Pour transformer les coopératives du secteur cacao en des champions nationaux, la Société financière internationale (SFI), branche de la Banque mondiale chargée du secteur privé, et le Groupe Cargill, opérant dans le négoce de cacao, ont mis en place le programme « Coop Academy ».
L’Initiative « Coop Academy » permet notamment aux dirigeants de coopératives d’acquérir des compétences avancées en matière de gestion afin d’améliorer les opérations quotidiennes de leur organisation, les laissant ainsi mieux équipés pour faire face aux défis du monde actuel.
En vue de célébrer le succès continu de ce programme, lancé depuis 2013, la firme et la SFI ont organisé ce lundi 12 décembre 2022, à Abidjan, une cérémonie de remise de diplômes à la dernière promotion de dirigeants de coopératives avant participé à la Coop Academy.
Quelque 700 dirigeants représentant 70 coopératives de cacao, répartis sur l’ensemble des zones de production du pays ont déjà participé à la Coop Academy. Sept cent (700) autres dirigeants de coopératives supplémentaires devraient être outillés dans les mois à venir.
Ce sont, au total, 1.400 dirigeants qui termineront le programme d’ici à fin 2023. Selon la représentante de la SFI à cet évènement, Mme Fanja Ravoavy, l’institution a, « sur le volet paiement digital, intégré 120 coopératives jusqu’à la date d’aujourd’hui, soit à peu près 25.000 producteurs au niveau de la plateforme » dédiée au projet.
Le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du développement rural de Côte d’Ivoire, Adjoumani Kouassi Kobenan, a salué ce partenariat qui a permis de « réconcilier les coopératives et le secteur bancaire, jadis méfiant vis-à-vis de ces derniers ».
Le programme de formation a permis aux coopératives de la filière cacao d’accéder à plus de 15 milliards de Fcfa de financement commercial, dont 8 milliards de Fcfa pour des véhicules de collectes, s’est félicité le ministre d’Etat Adjoumani Kouassi.
Neuf coopératives bénéficiaires du programme Coop Academy sont aujourd’hui exportatrices de cacao, a-t-il mentionné. Le projet contribue également à la résilience des ménages agricoles à travers la diversification des revenus et à l’autonomisation des femmes.
Il a, par ailleurs, permis l’éclosion de modèles de leadership féminin dans les coopératives de cacao. L’Initiative, soutenue par la plateforme de financement du Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP) a été renouvelée en 2019.
Le projet met davantage l’accent sur la gouvernance, la digitalisation de la filière et la traçabilité, ainsi que le genre et le développement durable, tout en soutenant la capacité des agriculteurs à répondre aux exigences réglementaires changeantes dans un environnement externe complexe.
Le projet Coop Academy met un accent sur la digitalisation de la filière, qui s’inscrit d’ailleurs dans les actions du Conseil café cacao, organe de régulation, qui a entrepris un ambitieux projet de distribution de cartes du planteur et la mise en œuvre d’un système de traçabilité du cacao.
Cette démarche de traçabilité a pour but de répondre aux nouvelles exigences des marchés de consommation européens et américains. Le projet Coop Academy a pour vocation de soutenir et développer le capital humain des coopératives et à préparer le secteur du cacao de demain grâce à une filière responsable.
« Je voudrais inviter toutes nos coopératives agricoles évoluant dans la filière cacao à s’approprier ce programme qui leur permettra d’être plus compétitives sur le marché national et international », a-t-il lancé le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du développement rural, Adjoumani Kobenan.
Sur la question de traçabilité, M. Adjoumani Kouassi a insisté que le cacao est produit en Côte d’Ivoire « de façon régulière » même s’il « est vrai qu’il peut avoir quelques difficultés à contrôler des gens qui arrivent d’autres pays et qui n’ont aucune destination que d’aller dans les forêts classées ».
« Nous sommes à environ 1 million de planteurs recensés avec leurs plantations géolocalisées comme pour dire que désormais avec la carte dont les producteurs sont détenteurs nous devons pouvoir suivre les produits depuis leur lieu où ils sont produits jusqu’à la fin du processus, c’est-à-dire la transformation de notre cacao », a-t-il poursuivi.
Sur la question de la rémunération des paysans, il a martelé que « quand par exemple on donne 900 Fcfa/Kg de cacao, alors que quand on transforme le kilogramme de cacao, c’est entre 25 et 30.000 Fcfa qu’on a lorsqu’on a du chocolat, ça aussi ça s’appelle l’exploitation de l’homme par l’homme ».
La Côte d’Ivoire et le Ghana, qui cumulent plus de 60% de l’offre mondiale de cacao, appellent l’industrie du cacao et les chocolatiers à payer le Différentiel de revenu décent (DRD, 400 dollars par tonne) en vue d’une meilleure rémunération des producteurs. Mais, jusqu’à ce jour les discours sont toujours en cours.
Bénéficiaire du programme Coop Academy, Mme Awa Bamba, directrice générale d’une coopérative de cacao, a témoigné que grâce à ce projet, elle est désormais « une femme accomplie sur le plan professionnel » et social.
Elle a indiqué que la formation qu’elle a suivi à travers ce programme a relevé son niveau de gouvernance et de management au point d’amener la coopérative qu’elle dirige à l’exportation. De 5 milliards de FCFA, auparavant, la coopérative a atteint un chiffre d’affaires de 11 milliards de FCFA aujourd’hui.
Le directeur général Afrique de Cargill, Lionel Soulard, a fait savoir que sa structure travaille avec 140 coopératives partenaires qui livrent la totalité des 300.000 tonnes de cacao achetées en Côte d’Ivoire. La firme mobilise cette masse de cacao auprès de 150.000 producteurs locaux.
Avec l’outil de benchmarking ScopeBasic, 71% des coopératives participantes à la Coop Academy sont aujourd’hui classées comme professionnelles, contre seulement 18% avant leur participation. La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao avec 2 millions de tonnes.
AP/APA