Le président sortant s’est prononcé, ce lundi, à l’ouverture d’un dialogue national au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio, à la périphérie de Dakar. Devant une partie de la classe politique, des autorités religieuses et coutumières, de la société civile, du secteur privé, des centrales syndicales… Macky Sall a tenu à clarifier ses intentions après le report de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février 2024.
« Je tiens à vous remercier sincèrement pour le temps et les efforts que vous consacrez à ce rendez-vous majeur de la nation sénégalaise. Aujourd’hui, c’est la cérémonie d’ouverture. Demain, les travaux pourront se poursuivre selon le chronogramme qui va être arrêté. Notre pays est confronté depuis quelque temps à une situation inédite, lourde de menaces sur la paix, la sécurité, la stabilité et le bien-être de la nation.
Dans l’Histoire des nations, il est des moments d’adversité politique auxquels il faut savoir mettre un terme par le dialogue et le consensus pour l’intérêt supérieur de la nation qui transcende les intérêts particuliers et partisans sous peine d’aller vers des lendemains incertains. Ce temps est venu pour la nation sénégalaise parce que la vie de la nation transcende la vie politique. Elle appelle tout un chacun au sens des responsabilités et de la patrie.
C’est pourquoi, je voudrais à l’entame de mon propos réaffirmer ici que le président de la République que je suis n’a aucun agenda personnel. Je tiens à réaffirmer de façon claire et nette que le 2 avril prochain marquera la fin de mon mandat, la fin de ma mission à la tête du Sénégal. Je l’avais dit et je le maintiens.
Notre pays se trouve à un carrefour important. Nous sommes à la croisée des chemins. Mon souhait, c’est que nous puissions aller vers une élection apaisée, inclusive et transparente. À cette fin et dans un esprit de réconciliation nationale, je saisirai l’Assemblée nationale dès ce mercredi, en Conseil des ministres, d’un projet de loi d’amnistie générale sur les faits se rapportant aux manifestations politiques survenues entre 2021 et 2024.
Je souhaite, au-delà du souci légitime de justice et de redevabilité, que l’amnistie et le pardon, par leurs vertus salutaires pour la nation, nous aident à surmonter ces moments difficiles afin que notre cher pays se réconcilie avec lui-même en remettant toutes ses forces vives autour de l’essentiel, c’est à dire la sauvegarde de notre unité nationale, toutes sensibilités confondues, et la préservation de l’État de droit et de la République. Cela permettra de pacifier l’espace politique, de raffermir davantage notre cohésion nationale et de maintenir le rayonnement démocratique de notre pays.
J’ai convoqué ce dialogue national dans cet esprit, conformément à mon message du 3 février dernier. C’est le sens des échanges que j’ai eus depuis ce matin avant cette présente cérémonie. En effet, j’ai rencontré ce matin les candidats validés. Deux ont répondu à mon invitation : le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne et le Premier ministre Amadou Ba. J’ai reçu des candidats dits spoliés de leurs parrainages et les candidats recalés à travers deux collectifs pour échanger avec eux avant nos assises.
Toutes les démocraties, même celles censées être les plus vieilles, ont leurs moments de fragilité, parfois ponctués de violences. Nous le savons tous et je n’ai nul besoin de donner des exemples. Le dialogue et la concertation permettent justement de soigner ses fragilités et d’avancer dans la quête de l’idéal de démocratie. C’est ce que j’ai toujours choisi par le dialogue sincère. Notre démocratie se renforcera, et malgré la charge des épreuves, nous resterons ainsi dans le bon sens de l’Histoire. Celle des grandes nations qui sortent encore toujours plus fortes des épreuves qu’elles traversent.
Une formule bien de chez nous vient d’être rappelée par le pasteur Ouattara : Il n’y a pas de mésentente, il y a simplement une absence de concertation. Sans revenir sur les péripéties du report du scrutin présidentiel, je rappelle qu’en prenant acte de la décision du Conseil constitutionnel, qui s’inscrit dans le cadre des mécanismes normaux de la démocratie et de l’État de droit, j’ai indiqué ma volonté de faire appliquer ladite décision pour que le scrutin soit tenu dans les meilleurs délais.
En convoquant ce dialogue, qui n’est pas le premier du genre, je n’ai qu’un seul objectif : trouver un consensus sur la date de la prochaine élection présidentielle afin que le scrutin se tienne dans les meilleures conditions d’organisation et de transparence qui en garantissent la crédibilité. Étant entendu qu’il se déroulera comme d’habitude sous observation nationale et internationale.
Je demeure convaincu que le peuple sénégalais, fort de son génie et de son attachement à la démocratie et à l’État de droit, trouvera à travers ce dialogue, à travers les ressorts de notre société, les mécanismes appropriés pour garantir la continuité de l’État.
Ma volonté et mon vœu le plus cher, c’est de faire tenir l’élection présidentielle dans les meilleurs délais et ceci avant l’hivernage prochain et dans la paix. Le gouvernement y travaille déjà. Il travaille pour une parfaite organisation logistique de l’élection comme d’habitude. Alors mes chers compatriotes, dialoguons, restons sereins, responsables, pragmatiques et efficaces.
Chacun de nous doit se transcender et s’élever à la hauteur du Sénégal que nous voulons. Un Sénégal de paix et de stabilité. C’est ce qui confirmera notre grandeur d’une nation unie par une histoire et un destin communs. Ce temps du sursaut et du dépassement devrait aussi consacrer le pardon, l’oubli et la réconciliation pour la paix, indispensable à la cohésion nationale et à la poursuite de nos efforts de développement.
Je ne saurais clore mon propos introductif sans remercier le peuple sénégalais pour sa confiance renouvelée durant ces douze dernières années. Je salue la maturité de notre peuple, sa sagesse et son attachement à un Sénégal démocratique et émergent. Comme je me plais toujours à le dire, nous sommes parce que le Sénégal est. En restant attentif à vos préoccupations et propositions, je déclare ouvert le dialogue national. Vive le Sénégal et vive la République. »
ID/ac/APA