Des actions sont déjà envisagées pour protester contre ce qui est qualifié d’attitude attentatoire à la liberté de la presse.
Plusieurs médias ont été victimes de restrictions à la veille des manifestations des Forces Vives à Conakry et à l’intérieur du pays du 10 au 17 mai 2023.
Ces restrictions ont d’abord visé les médias en ligne et se sont manifestée par des difficultés liées à l’accès aux plateformes numériques pour nombre d’éditeurs.
Certains d’entre eux ont fait part de leur difficulté à alimenter correctement leurs sites. Des lecteurs se sont également plaints de dysfonctionnements pour accéder aux sites d’informations afin de s’informer.
Selon Boubacar 1 Diallo, directeur de publication du site Africaguinee.com, ces restrictions ont commencé à la veille de la manifestation du 10 mai, appelée par les forces vives.
« A plusieurs reprises, nous avons eu des sérieuses difficultés à accéder à notre tableau de bord pour la mise en ligne des articles. Au début, on a cru à un problème technique. Mais après avoir pris connaissance des plaintes des autres confrères, on a compris que c’est un acte bien délibérément fait. Pour nous, il n’y a que les services de l’Etat qui peuvent être derrière cet acte », a confié le responsable de ce média à APA.
En plus des médias en ligne, deux radios privées appartenant au groupe de presse Afrik Vision ont vu leurs émetteurs arrachés par des gendarmes. L’acte s’est passé mercredi 17 mai. Les auteurs étaient accompagnés des responsables de l’autorité de régulation des postes et télécommunications ( ARPT), une structure étatique relevant du ministère des postes, télécommunications et de l’Economie Numérique.
Face à cette attitude jugée attentatoire à la liberté d’expression et de la presse, les organisations et associations de presse de Guinée ont haussé le ton.
Dans une déclaration conjointe, faite jeudi 18 mai, sept (7) associations de presse ont dénoncé « ces actions liberticides engagées par l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications contre les médias guinéens ».
« Ces actions, dont les débuts ont coïncidé avec la nomination de M. Mamady Doumbouya comme Directeur Général de l’ARPT, ont consisté d’abord à ralentir puis arrêter l’accès aux principaux sites d’informations guinéens », ont-elles rappelé.
Elles sont poursuivies depuis le mercredi 17 mai 2023 par le ralentissement, voire le blocage de l’accès à certains réseaux sociaux dont Facebook et WhattsApp et par une descente des gendarmes au groupe de presse Afric Vision pour démonter les émetteurs des radios Sabari FM et Love FM.
« Les associations de presse condamnent cette censure, qui est un recul de la démocratie. Elles se réservent le droit d’engager des poursuites contre l’ARPT pour les énormes préjudices subis », ont-elles menacé.
En plus, elles ont décidé de ne plus prendre part à la Semaine Nationale des Métiers de l’Information et de la Communication organisée par le Gouvernement Guinéen.
« Les associations de presse envisagent de prendre d’autres mesures dans les prochaines heures », ont indiqué les sept associations signataires de ladite déclaration.
Le porte-parole du gouvernement, à l’issue du conseil ordinaire des ministres a rappelé que l’exercice de la liberté de la presse en Guinée est encadré dans un engagement de déontologie afin que les Guinéens soient objectivement informés, mais pas à dresser les uns contre les autres, les communautés, les unes contre les autres.
« Si un média enfreint à ces dispositions, c’est du plein jour que nous prendrons les dispositions pour le fermer. Nous sommes très indulgents par rapport au non respect des engagements financiers de certains médias », a-t-il rappelé.
Le ministre a assuré que « nous serons intransigeants sur le respect de l’unité nationale, de l’Information objective qui y transitera ». « Si un média manque cette responsabilité, on le fermera », a-t-il menacé.
Selon le classement 2022 des Reporters sans Frontièrs ( RSF) sur la liberté de presse dans le monde, la Guinée occupe 85ème rang soit une régression par rapport en 2021.
ASD/ac/APA