Les Conférences épiscopales réunies de l’Afrique de l’Ouest, dans une lettre datée du 4 août, se sont prononcées contre l’éventualité d’une intervention militaire pour rétablir le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions.
Dimanche dernier, l’ultimatum d’une semaine pour le retour à l’ordre constitutionnel de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a expiré. Les putschistes n’ont finalement pas respecté l’injonction de l’organisation régionale.
Ce jeudi 10 août, un nouveau Sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao a été convoqué à Abuja, au Nigeria, pour analyser les récents développements. Dans cette perspective, les Conférences épiscopales réunies de l’Afrique de l’Ouest ont publié une lettre d’exhortation à la retenue et au discernement.
« Nous, les Cardinaux, Archevêques et Évêques des Conférences épiscopales réunies de l’Afrique de l’Ouest, après concertation, sommes profondément préoccupés par la tension sous-régionale en lien avec la situation politique au Niger », énoncent-ils d’emblée.
Face aux évènements qui se déroulent actuellement dans notre sous-région, ont-ils poursuivi, il est de notre devoir moral, spirituel et pastoral d’adresser cette lettre d’exhortation à tous les acteurs impliqués, de près ou de loin, dans la gestion de cette crise afin d’inviter chacun à faire preuve de responsabilité. Il y va de la vie de nos peuples de l’Afrique de l’Ouest.
En gardant comme vision centrale l’intégrité des populations et en mettant l’accent sur le respect de la dignité humaine et un sens élevé de la redevabilité devant les Hommes, l’histoire et Dieu, les religieux affirment que « rien ne peut justifier la création ou la facilitation d’un environnement destructeur pour nos populations. Aucun intérêt, projet individuel, national, régional, géopolitique ou confessionnel ne doit prévaloir sur la préservation de la vie, de la dignité humaine et de l’avenir des générations futures en Afrique de l’Ouest et au-delà. »
Pour les Cardinaux, Archevêques et Évêques des Conférences épiscopales réunies de l’Afrique de l’Ouest, « la violence ne résout aucun problème, même pas celui qui est à l’origine de son déclenchement. » Dès lors, ils ont tenu à faire savoir à la Cédéao et à l’Union Africaine (UA) que « toute intervention militaire, en ce moment, compliquerait plus la situation des populations du Niger, et de la sous-région qu’elle ne leur apporterait des solutions. »
Dans un Sahel gangréné par le jihadisme avec « son bilan macabre de veuves, d’orphelins, de déplacés, d’affamés, de mutilés, les populations n’attendent pas que les institutions régionales et africaines viennent alourdir ce bilan », ont martelé les religieux.
« Le cas de la Libye demeure un exemple tragique de conséquences désastreuses sur la vie, la dignité et l’avenir des populations. Nous ne pouvons pas rester silencieux face à de telles situations et devons tirer les leçons pour que de tels évènements ne se reproduisent plus, en particulier avec le Niger comme épicentre potentiel d’une crise similaire », ont-ils conclu.
ID/ac/APA