Face aux perspectives de production de pétrole et de gaz, le Mouvement des entreprises du Sénégal (MDES) plaide pour une « appropriation de la plénitude de la jouissance des ressources naturelles » nationales.
Longtemps considéré comme un pays pauvre très endetté, le Sénégal s’apprête à devenir un État pétro-gazier. Les Sénégalais placent de nombreux espoirs sur l’exploitation de ces hydrocarbures qui pourraient lever de nombreux « obstacles » liés au développement socio-économique du pays. Ce développement est miné par le chômage des jeunes (dont les moins de 25 ans représentent 75% de la population sénégalaise), l’accès limité au financement pour les petites et moyennes entreprises et les disparités régionales en matière de développement.
Conscient de cette situation, le Mouvement des entreprises du Sénégal (MDES) a convié jeudi 14 septembre à Dakar, à l’occasion de la 22ème édition de ses Assises économiques, le gouvernement sénégalais et plusieurs acteurs de développement à réfléchir ensemble sur la manière de « façonner un avenir économique radieux pour notre cher pays ».

« En ces temps de défis mondiaux et de changements constants, il est impératif que nous, acteurs économiques et décideurs, nous unissions nos forces pour relever les défis qui se dressent devant nous. Le Sénégal est riche de ressources et de potentiel, et c’est à nous de transformer ces atouts en moteurs de croissance durable et inclusive », a déclaré le président du MDES, Mbagnick Diop, ouvrant cette rencontre placée sur le thème de « Ownership ou appropriation des ressources naturelles pour un développement économique et social durable ».
S’exprimant devant l’ancien Premier ministre Mouhamed Boun Abdallah Dionne, des professeurs d’université et de nombreux acteurs économiques du pays, M. Diop a indiqué que le secteur privé sénégalais a un « rôle crucial » à jouer dans cette mutation. « En tant que secteur privé, nous devons œuvrer ensemble pour créer un environnement propice à l’innovation, à l’investissement et à la création d’emplois. Cela passe par des réformes structurelles courageuses, visant à simplifier les procédures administratives, à renforcer l’Etat de droit et à promouvoir la transparence dans les affaires », a-t-il souligné.
Notant que « le thème est plus que d’actualité » pour le Sénégal, Mouhamed Boun Abdallah Dionne, Premier ministre de 2014 à 2019, a indiqué que son pays devrait « s’inspirer » du modèle norvégien. D’après lui, ce pays scandinave riche en ressources naturelles, telles que le pétrole, le gaz naturel et le minerai de fer, « s’est approprié de ses ressources » en réussissant à terrasser « l’extraversion » des richesses tirées de leur exploitation. Ce qui n’est pas souvent le cas en Afrique en raison des sociétés minières étrangères qui rapatrient leurs bénéfices, a déploré l’ancien chef du gouvernement.
« Il importe pour les pays subsahariens de se doter de stratégies gagnantes » pour éviter le syndrome de « pays riches peuplés de pauvres » symbolisant de nombreuses nations du continent, a préconisé M. Dionne. Et « pour que des hydrocarbures puissent procurer des revenus à un pays, il faudrait que les États détiennent des parts importantes » dans les revenus des entreprises, a-t-il renchéri.
ODL/ac/APA