Le président de la Cour de justice de la Cédéao, le juge Edward Amoako, a appelé à une réflexion urgente sur la démocratie naissante de la région afin de prendre des mesures pour mettre fin aux lacunes flagrantes illustrées par la mauvaise gouvernance, le non-respect des dividendes de la démocratie, les élections inéquitables et les prolongations inconstitutionnelles des mandats.
Dans une allocution prononcée à l’occasion de l’ouverture de la deuxième session ordinaire de la cinquième législature du parlement de la Cédéao, mercredi à Abuja, le juge Asante a imputé ces lacunes à « l’incursion rampante de l’armée dans la politique de la région », qui n’est pas seulement une « appellation erronée », mais aussi une démonstration de la « déficience de notre politique ».
Ces manifestations, a-t-il ajouté, devraient « nous inciter à réfléchir à la trajectoire de notre démocratie et à vérifier si elle est imprégnée de l’efficacité et de la capacité à assurer une bonne gouvernance qui satisfasse les besoins socio-économiques de notre peuple ».
« Il est indéniable que si des mesures appropriées ne sont pas prises pour arrêter l’incursion militaire rampante dans notre politique, la démocratie est menacée avec des implications pour des institutions telles que les parlements et les tribunaux qui appellent à une action collective », a-t-il déclaré.
Le président de la Cour de la Cédéao a noté que c’est en reconnaissance de la menace posée par ces incursions à la démocratie naissante de la région que la Cour a pris la décision d’axer le thème de sa conférence 2023, tenue en mai en Gambie, sur la tolérance zéro de la Cédéao à l’égard des changements anticonstitutionnels de gouvernement.
Il a ajouté : « Le parlement de la Cédéao offre un forum approprié au niveau régional pour poursuivre cette conversation en réexaminant le débat sur les particularités de notre démocratie qui a été présentée de manière optimiste comme la panacée pour assurer la croissance socio-économique et le développement de nos populations afin de les équiper pour un environnement économique international compétitif ».
Malgré les défis actuels liés à la progression de la démocratie dans la région, le juge Asante a reconnu qu’elle « reste la meilleure forme de gouvernement qui nécessite l’effort collectif des dirigeants et des partisans pour fonctionner ».
Ceux qui sont investis de la responsabilité de la démocratie, a-t-il noté, « doivent réaliser qu’il s’agit d’une opportunité de servir et de ne pas se laisser aller à un régime hégémonique et autoritaire par quelques-uns pour eux-mêmes », car cela aboutit à la capture de l’État par une poignée de privilégiés.
Il a donc exhorté le parlement de la Cédéao à fournir le leadership nécessaire pour entreprendre l’engagement nécessaire à travers les parlements nationaux « pour interroger notre culture démocratique actuelle ».
Selon lui, cela nécessitera des réformes qui précipiteront des améliorations dans nos systèmes démocratiques afin de mettre fin à cet empiètement rampant des militaires dans notre espace démocratique, assurant que la Cour jouera son rôle complémentaire dans la consolidation de la démocratie de la région en tant qu’institution communautaire dont le mandat aide à renforcer le respect des droits de l’homme, la responsabilité et la stabilité politique.
Il a assuré que la Cour contribuera à enraciner une culture de respect de l’État de droit, de responsabilité et de stabilité politique par la fidélité à son mandat.
Il a donc encouragé le parlement à prendre les mesures nécessaires, en collaboration avec les parlements nationaux, pour garantir l’application sans faille des décisions de la Cour par les États membres afin de renforcer le droit communautaire et le respect des droits de l’homme, la transparence et la responsabilité.
GIK/lb/te/APA