La réduction des inégalités de genre dans le secteur agricole pourrait réduire la pauvreté de 13 %, selon le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (Coraf).
En Afrique de l’Ouest, les femmes et les jeunes constituent, selon le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (Coraf), la majorité de la main-d’œuvre agricole. Les pertes post-récoltes sont estimées à 40 % au détriment des femmes, à cause du manque d’accès aux technologies et aux équipements de transformation. Les femmes sont reconnues plus sujettes à l’insécurité alimentaire (25,2 %) que les hommes (23,7 %), souligne-t-il.
A cause des inégalités de genre dans l’agriculture, relève le Coraf, la gente féminine et les jeunes ont aussi un accès insuffisant aux ressources productives telles que les technologies et innovations sensibles au climat, au genre, et à la nutrition dans toutes les chaînes de valeur agricoles, aux services de vulgarisation, à l’information climatique, aux formations agricoles adaptées à leurs besoins, aux marchés et infrastructures agricoles, et aux services financiers.
Pour relever tous ces défis, plusieurs initiatives dont le Programme de Résilience du Système Alimentaire (PRSA) ont été lancés. Pour produire les résultats escomptés, a indiqué Docteur Mariame Maïga, conseillère genre au Coraf, ces différents projets « doivent être sensible au genre en prenant en compte les besoins spécifiques des groupes défavorisés tels que les femmes, les jeunes, mais également d’autres groupes marginalisés tels que les personnes vivant avec des handicapes, les veuves, orphelins, personnes âgées etc… »
Ces catégories de populations ne profitent pas assez, d’après elle, du potentiel des chaînes de valeur agro-sylvo-pastorales et halieutiques pour sortir de la précarité. Alors que « si les femmes avaient le même accès que les hommes aux ressources productives, elles pourraient augmenter de 20 à 30 % les rendements de leur exploitation », a-t-elle soutenu.
Consciente de cela, l’organisation panafricaine a lancé, mardi à Dakar, un atelier de formation en genre des institutions et acteurs impliqués dans la mise en œuvre du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (CAADP-XP4, sigle anglais) et du PRSA.
L’objectif est de former les institutions et les acteurs impliqués dans la mise en œuvre du CAADP-XP4 et du PRSA, sur la stratégie et les outils pour faciliter la prise en compte des dimensions genre et jeunes, ainsi que les préoccupations d’autres groupes marginalisés dans toutes les composantes et activités des projets.
« A l’issue de cette formation, toutes les équipes pourront définir les actions prioritaires visant la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes dans le PRSA, afin de renforcer leur influence et leur autonomisation sociale », a indiqué Mme Maty Ba Diao, coordinatrice du PRSA.
En Afrique, les femmes occupent une place centrale dans les travaux champêtres. Atténuer la pénibilité de leur travail aurait ainsi des incidences positives pour plusieurs secteurs. « Nous pensons qu’assurer l’égalité de l’accès des ressources et aux opportunités serait un raccourci intelligent pour atteindre la faim zéro, augmenter la production et accroître l’accès des femmes aux ressources et aux revenus », a déclaré la cheffe d’équipe genre de la FAO, Mme Tacko Ndiaye.
« Une femme bien portante, bien nourrie a de meilleures performances agricoles comme productrice. Mais elle a aussi des enfants en meilleure santé avec un système immunitaire plus fort et de meilleures performances scolaires », a martelé Mme Ndiaye.
ARD/ac/APA