Ce projet est fortement critiqué par une partie de la classe politique qui dénonce un passage en force du gouvernement.
Les membres du Conseil national de transition (CNT) ont adopté à une majorité écrasante le projet de la nouvelle Constitution du Tchad. Par 174 voix pour, ils ont approuvé le document défendu par le ministre secrétaire général du gouvernement et son homologue de l’Administration du territoire.
Ce projet de la nouvelle Constitution est très critiqué par la classe politique tchadienne. Des leaders politiques et de la société civile dénoncent le passage en force du gouvernement sur la question de la forme de l’Etat. Le document a retenu l’Etat unitaire comme forme de l’Etat. Ce qui est contraire aux recommandations du dialogue national inclusif et souverain qui spécifient que la question de la forme de l’Etat doit être tranchée par voie référendaire. Des membres du CNT tels que Théophile Bongor, président du parti PRET ou Béral Mbaikouboum du parti MPTR ne sont pas passés par quatre chemins pour qualifier de « filouterie politique », l’attitude du gouvernement.
Pour défendre le choix du gouvernement, le ministre secrétaire général du gouvernement, Haliki Choua a mis en avant les moyens logistiques et financiers qu’il faut pour organiser deux référendums en ce temps de transition. « Dans le contexte actuel où les ressources sont limitées, organiser deux référendums risquerait de mettre une pression supplémentaire sur le pays. La transition doit être menée à bien dans les délais impartis afin de pouvoir organiser les élections à venir », avait-il déclaré devant les membres du CNT.
Reste à le soumettre au référendum constitutionnel. « Si le « oui » l’emporte lors du référendum, le projet de Constitution actuel, qui prévoit un État unitaire, sera adopté. En revanche, si le « non » l’emporte, une nouvelle Constitution consacrant la forme fédérale de l’État sera proposée après une étude approfondie prenant en compte tous les enjeux, considérations sociales et économiques », a-t-il expliqué aux parlementaires.
Mais pour Abdoulaye Sabre Fadoul, ancien ministre et ancien directeur cabinet civil du président de transition, ce projet ne servira qu’à diviser le peule tchadien. « Malheureusement, une nouvelle fois donc, le virage constitutionnel est en train d’être mal négocié par cette sorte de roulette russe exécutée avec un revolver au barillet entièrement approvisionné. En effet, dans ces conditions, quelle que soit l’issue du référendum, les fractures ne seront que plus grandes et la Transition n’aura servi qu’à cela », a-t-il dit, dans un long texte publié sur sa page Facebook.
Au décès de son père, en avril 2021, dans une contre-offensive de l’armée contre les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad, Mahamat Idriss Deby Itno a été porté à la tête d’un Conseil militaire de transition et doit mener le pays vers des élections à l’issue desquelles l’ordre constitutionnel sera rétabli.
CA/ac/APA