Les quotidiens sénégalais parvenus lundi à APA titrent principalement sur le désaccord entre le pouvoir et le camp d’Ousmane Sonko face aux conditions posées par le farouche opposant de Macky Sall avant de répondre à la convocation de la chambre criminelle du tribunal de Dakar, dans le cadre du procès pour viols et menaces de mort intenté contre lui par la jeune masseuse Adji Sarr.
EnQuête note que Ousmane Sonko est « face à ses responsabilités » dans l’affaire l’opposant à Adji Sarr, l’ex-employée du salon de massage Sweet Beauté qui l’accuse de viols et menaces de mort depuis 2021. Après un premier renvoi mardi dernier, le dossier criminel sera ouvert demain « en audience spéciale » à la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Le maire de Ziguinchor (sud), considéré comme le leader de l’opposition, ne s’était pas présenté la semaine dernière au tribunal, matérialisant une fois de plus sa promesse de « désobéissance civique » vis-à-vis de la justice sénégalaise qu’il accuse de nuire continuellement à ses droits.
Cependant, le journal constate que « le leader du parti Pastef semble avoir lâché du lest, mais pose des conditions quasi impossibles » pour se présenter ce mardi au tribunal de grande instance de Dakar. Interviewé par la télévision privée Walfadjri vendredi dernier, l’opposant arrivé troisième à la dernière présidentielle avec plus de 15% des suffrages a fait savoir qu’il irait au tribunal si l’Etat arrêtait de lui imposer un itinéraire et de barrer les accès menant à sa maison dakaroise comme c’est le cas à la veille de chacune de ses convocations devant la justice.
Mais « malgré sa résistance, la justice compte dérouler son agenda » et pourrait le juger par contumace après que ses nombreux partisans s’érigent jusque-là en boucliers autour de son domicile à Ziguinchor et face aux forces de l’ordre qui n’arrêtaient pas de les asperger de grenades lacrymogènes pour libérer la route. Si l’option est évoquée à plusieurs reprises, l’ordonnance de prise de corps n’a « pas encore » été prise par le président du tribunal qui est le « seul habilité » à le faire, précise EnQuête.
Walf Quotidien revient sur la dernière sortie d’Ousmane Sonko qui a fait « mille polémiques », avec des réactions de part et d’autre au sein de l’opposition et du pouvoir. Idrissa Seck, qui a quitté récemment la présidence du Conseil économique, social et environnemental (Cese) après avoir déclaré sa candidature à la présidentielle de 2024, indique que Sonko, avec lequel il se dispute le statut de chef de l’opposition, « ment » dans la manière dont il a rapporté la visite qu’il a effectuée chez lui.
De son côté, Thierno Bocoum, foncièrement contre le régime de Macky Sall, « dénonce le +mépris et l’arrogance+ du leader de Pastef ». Il semble avoir encore une dent contre ce dernier qui avait indiqué, lors des dernières élections législatives, que toutes les formations politiques de l’opposition qui n’avaient pas accepté de rejoindre l’inter-coalition Yewwi Askan Wi (libérer le peuple) et Wallu Sénégal (sauver le Sénégal) de l’ancien président Abdoulaye Wade battaient campagne en réalité pour le président Macky Sall.
Sur les conditions d’Ousmane Sonko « pour comparaître demain » au tribunal, Le Quotidien fait cas du « niet » de l’Etat sans préciser s’il est catégorique. « Les avocats de Ousmane Sonko ont approché des autorités publiques pour leur soumettre des conditions qui, si elles étaient acceptées, permettraient à leur client de se présenter à la barre de la Chambre criminelle et d’éviter ainsi un jugement par contumace. Jusqu’à hier, dans la soirée, Me Ousseynou Ngom, qui présentait ces désidératas, avait dû faire face à un refus formel de la part du Garde des sceaux », le ministre de la Justice Ismaila Madior Fall, explique le journal.
La tension du climat politique au Sénégal s’explique en grande partie par la volonté prêtée au président Macky Sall de briguer un troisième mandat. Si le chef de l’Etat ne s’est pas encore prononcé sur la question, Cheikh Tidiane Gadio, son allié et ancien ministre des Affaires étrangères sous son prédécesseur Abdoulaye Wade, « bloque » cette option. Dans Sud Quotidien, le diplomate invite Macky Sall « +à se ressaisir parce qu’il n’a plus rien à prouver+ et à refuser +de toutes ses forces de céder aux sirènes et aux vociférations des gens qui sont autour de lui+ ».
Walf Quotidien abonde dans le meme sens et note que « Gadio bloque Macky à deux » mandats même si plusieurs proches du chef de l’Etat sortant indiquent qu’il est à son premier quinquennat, se basant notamment sur la révision constitutionnelle de 2016 suite à un référendum. Pour régler cette question au point de vue juridique, « le président Sall consulte son +sorcier blanc+ », souligne le journal.
Le Soleil précise qu’il s’agit du professeur Guillaume Drago, « éminent constitutionnaliste français, connu et reconnu de ses pairs », qui « valide la candidature de Macky Sall » pour la présidentielle de 2024. Pour le juriste français, « la modification de la durée du mandat du président de la République par la révision constitutionnelle de 2016 est possible. Mais cette modification de la durée du mandat ne peut concerner le mandat en cours +hors de portée de la loi nouvelle+ de révision constitutionnelle ». Il explique que « cette mise +hors de portée+ est justifiée par les nécessités de sécurité juridique, et de nécessaire stabilité des institutions ».
En attendant la suite des événements, le quotidien national indique que « Macky Sall gâte les Lionceaux » de moins de 17 ans de football fraîchement vainqueurs de la Coupe d’Afrique des nations (Can) de leur catégorie, dans la lignée de leurs aînés des équipes nationales A, locale, U20 et de football de plage qui ont remporté les dernières compétitions organisées par la Confédération africaine de football (Caf).
Saluant cette performance, le chef de l’Etat a attribué « une prime de dix millions de francs CFA à chaque joueur » et « vingt millions » au sélectionneur Serigne Saliou Dia, entre autres membres de la délégation reçue hier au palais de la République et qui a conduit de main de maître les gosses à la victoire finale (2-1), vendredi dernier, contre le Maroc dans cette compétition organisée cette année en Algérie. Le Soleil affirme en outre que « les champions d’Afrique sénégalais des cinq dernières années, toutes disciplines confondues, seront honorés » par l’Etat.
ODL/ac/APA