Les quotidiens sénégalais parvenus mardi à APA titrent principalement sur le retrait du controversé projet de loi visant à donner le droit au président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale à tout instant pendant que la coalition présidentielle est en train de dénicher son candidat pour remplacer Macky Sall à l’élection présidentielle de février 2024.
Sud Quotidien titre sur le projet de « dissolution programmée de la représentation parlementaire », notant que « l’Assemblée refuse de mourir ». Babacar Abba Mbaye, député de Taxawu Sénégal, un mouvement politique du socialiste Khalifa Sall, candidat déclaré à la présidentielle de 2024, indique qu’ils n’ont « jamais été pour une suppression de l’Assemblée nationale » malgré qu’ils aient participé au dialogue national organisé récemment par Macky Sall pour trouver des consensus politiques tels que la réhabilitation des droits civiques de l’ex-maire de Dakar et du fils de l’ex-président Abdoulaye Wade (2000 – 2012), Karim Wade.
Cet ancien puissant ministre du régime libéral est exilé au Qatar depuis sa libération de prison, en 2016, à la suite d’une condamnation pour malversations sur des deniers publics, le même délit pour lequel a été condamné Khalifa Sall en 2018. Le dialogue visait en partie à trouver des voies et moyens pour leur permettre d’être candidats à l’élection présidentielle de février 2024, sachant que le Code électoral leur retirait ces droits après leur condamnation pour de telles infractions. Cependant, certains opposants estiment que le projet de loi concocté dans ce sens par l’exécutif est vicié.
Le député Abass Fall, un des responsables du parti Pastef d’Ousmane Sonko, note que ce projet de loi, dont le but était de donner au président de la République le pouvoir de dissoudre le parlement à tout moment contrairement aux dispositions actuelles qui lui donnent une immunité de deux années avant de pouvoir être dissous par le chef de l’Etat, « est extrêmement grave et cela ne passera pas dans cette Assemblée nationale ». Face à cette polémique, Dr Malick Diop du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar (BBY, unis pour un même espoir), la coalition présidentielle, souligne que « le ministre de la Justice va retirer la modification de l’article 87 de la Constitution ».
Si Le Quotidien indique que « Macky dissout son projet » de loi visant à modifier l’article 87 de la Constitution sur la période de dissolution de l’Assemblée nationale, Le Soleil explique à ses lecteurs « ce qu’il en est des changements attendus ». « Les révisions de la Constitution et du Code électoral apporteront des changements sur le parrainage, les conditions de participation à une élection, entre autres », souligne le quotidien national.
Avec ce débat suscité par l’exécutif au parlement sénégalais, Walf Quotidien relève que Macky Sall, tel un « omni-président », cherche à avoir un « droit de vie et de mort sur les opposants et sur l’Assemblée nationale ». « Le président de la République, via sa majorité et ses nouveaux alliés, voulait faire sauter le verrou qui l’empêchait de dissoudre l’Assemblée avant ses deux années d’existence. Mais il a fini par faire marche arrière. Une intention, preuve parmi tant d’autres, que jusqu’au dernier souffle de sa présidence, Macky Sall compte peser de tout son poids sur la vie de la nation, voire sur son futur », analyse le journal.
Sur un autre sujet, L’Observateur s’arrête sur « l’impossible consensus » que peine à trouver BBY sur la question du candidat à la candidature de la coalition à l’élection présidentielle de 2024. « Les ambitions personnelles sont à l’épreuve de la discipline de groupe », faisant naître des « velléités de dissidence » même s’il peut y avoir des « chances hors de la coalition », indique le journal.
Sur cette logique, Bés Bi souligne que les « auditions des candidats de BBY » se poursuivent et l’ancien Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dione, « bouscule tous ». « Entendu dimanche dernier par Moustapha Niasse », ancien président de l’Assemblée nationale et puissant chef de parti au sein de BBY, M. Dione « ne s’est pas proposé » en réalité mais « il a été proposé », confie « un proche » au journal qui fait savoir que Moustapha Niasse, en homme expérimenté qui a travaillé sous tous les régimes du Sénégal indépendant, de Léopold Sedar Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, glisse des « questions subtiles » pour trouver la perle rare parmi les candidats à la candidature de Benno Bokk Yakaar pour 2024.
Ainsi, le ministre de l’Agriculture Aly Ngouille Ndiaye et l’ancien ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr, qui « passent aujourd’hui », auront fort à faire devant le secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès (AFP) et le jury chargé de choisir le meilleur candidat pour la succession de Macky Sall à BBY après que ce dernier a décidé de ne pas briguer un troisième mandat.
ODL/ac/APA