Quatre-vingts quatorze députés se sont prononcés en faveur de ce texte porté par l’exécutif.
Après plus de dix heures de débats épiques, le projet de loi portant amnistie des infractions criminelles et correctionnelles commises entre 2021 et 2024 à l’occasion de manifestations politiques a été voté. Il a été adopté par 94 députés contre 49 voix et 3 abstentionnistes.
Il permet à un nombre important de personnes détenues dans les prisons sénégalaises, dont le célèbre opposant Ousmane Sonko et son candidat à la prochaine présidentielle Bassirou Diomaye Faye, de rentrer dans les prochaines heures chez eux.
Le projet de loi a été présenté par le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Aissata Tall Sall.
Plusieurs députés de l’opposition, particulièrement des proches de l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, ont d’emblée exprimé leur opposition à la loi. Babacar Mbengue estime que «le projet de loi devrait être reconsidérer et retiré tout simplement» parce qu’il absout selon lui des faits criminels qui se sont déroulés dans sa commune de Hann Bel-Air, dans la banlieue dakaroise, dont il est le maire. Il fait référence à l’attaque au cocktail Molotov dans un bus de transport en commun qui avait coûté la vie à deux jeunes filles.
Confortant son camarade de la coalition Taxawu Sénégal, le député Babacar Mbaye note que le président Macky Sall «est responsable de tout ce chaos» en promettant au début de son mandat qu’il allait «réduire l’opposition à sa plus simple expression».
Et quand il propose un tel projet de loi, le député et candidat à la présidentielle Pape Djibril Fall, dénonçant «l’usage politicien qui est fait de l’amnistie», estime qu’on «ne décrète pas une réconciliation nationale, on la secrète».
Des députés ont soutenu le projet de loi, soulignant que le président de la République veut laisser derrière lui un pays en paix. De son coté, le ministre de la Justice a rappelé que ce n’est pas la première fois qu’une loi d’amnistie est votée à l’Assemblée nationale. Aissata Tall Sall a évoqué les neuf lois adoptées dont la dernière date de 2005,
Un peu plus tôt, à l’ouverture de la plénière, le Garde des Sceaux a annoncé l’instauration d’un mécanisme d’indemnisation des personnes fortement impactées par les manifestations de mars 2021 à février 2024 si la loi est adoptée.
ARD/odl/ac/APA