Les quotidiens sénégalais parvenus mardi à APA titrent principalement sur les raisons du renvoi du procès en appel de l’opposant Ousmane Sonko face au ministre Mame Mbaye Niang et la tentative de « réinvention » de l’ancien maire de Thiès, Idrissa Seck, avant l’élection présidentielle de 2024.
Sud Quotidien estime que « Dame justice » adopte le « mode renvoi » dans les procès en appel mettant face-à-face des responsables du pouvoir et de l’opposition, lundi 17 avril, au tribunal de Dakar. L’opposant Ousmane Sonko, rejugé pour diffamation face au ministre Mame Mbaye Niang, ne s’est pas présenté au tribunal qui a renvoyé l’audience au 8 mai. « Selon des spécialistes, cette décision prise par le nouveau président de la Cour d’appel, Amady Diouf, vise à permettre la désignation de nouveaux membres du tribunal qui doit trancher cette affaire ».
Concernant les deux députés de la coalition Yewwi Askan Wi (libérer le peuple), Massata Samb et Mamadou Niang, dans leur « différend » avec leur collègue Amy Ndiaye Gniby qu’ils avaient agressée lors d’une session parlementaire, ils connaîtront leur sort le 15 mai prochain, selon le journal qui précise que « le premier président de la Cour d’appel de Dakar, Amady Diouf, est le facteur du renvoi ». Avocat des deux parlementaires, Abdi Nar Ndiaye a expliqué à la presse que le magistrat « a connu l’affaire dans le temps. En conséquence, il ne saurait effectivement connaître cette affaire ».
En revanche, EnQuête indique que « les experts (restent) mitigés » sur le « non-respect du délai d’appel » dans l’affaire Mame Mbaye Niang / Ousmane Sonko. En effet, « depuis l’annonce de cette audience en appel, les soutiens et défenseurs du maire de Ziguinchor (sud) étaient dans tous leurs états, soutenant qu’en fait, la cour a violé les droits de l’opposant politique, en enrôlant l’affaire alors même que le délai qui leur était imparti (un mois) n’a pas expiré ».
Ainsi, « ce renvoi consacre le respect des droits de toutes les parties », précise la partie civile dans le journal qui se demande également si on peut parler de « retour » pour Karim Wade, l’ex-puissant ministre du régime libéral qui s’est inscrit lundi 17 avril sur les listes électorales à dix mois de l’élection présidentielle.
Exilé au Qatar depuis son élargissement de prison, le fils de l’ex-président Abdoulaye Wade (2000 – 2012) et secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (PDS) a été filmé hier en Turquie en train de s’inscrire sur les listes électorales, « un premier acte visant son retour », souligne EnQuête, rappelant toutefois que « la même stratégie adoptée en 2019 n’avait pas porté ses fruits ». Le journal précise que Karim Wade « est pour le moment inéligible et sa demande d’inscription devrait être rejetée ». D’où « l’urgence de voter une loi d’amnistie pour qu’il puisse candidater à la présidentielle de 2024 ».
Au même moment, Walf Quotidien indique que « ça sent le deal » entre Macky Sall et son puissant allié et président du parti Rewmi (le pays), Idrissa Seck, pour une « candidature consensuelle de Benno Bokk Yakaar (unis pour un même espoir) », la coalition au pouvoir, en février 2024. L’ex-maire de la ville de Thiès a estimé récemment que le chef de l’Etat n’a pas droit à un troisième mandat avant de déclarer sa candidature pour la présidentielle de 2024. Le président Sall ne s’est toujours pas exprimé sur la question qui soulève beaucoup de tensions. « C’est à se demander si Idrissa Seck et Macky Sall ne se jouent pas des Sénégalais », soupçonne le journal.
Toutefois, L’Observateur précise que « l’énorme défi de Idrissa Seck » est de « se réinventer » politiquement après son entrisme dans la mouvance présidentielle alors qu’il était classé deuxième avec plus de 20% des suffrages à la dernière présidentielle. Il a perdu beaucoup de terrain depuis lors, sur son fief électoral de Thiès particulièrement. Pourtant, le surnommé « Idy avait bénéficié d’un capital sympathie qu’il n’a pas su valoriser », a remarqué un analyste dans le journal. « Pour se réinventer, il faut d’abord faire preuve d’humilité, être capable de reconnaître ses limites », conseille un autre.
ODL/ac/APA