Le sacre des Springboks, le 28 octobre dernier, à la Coupe du monde de rugby 2023 peut servir de « catalyseur au développement économique et à l’autonomisation des jeunes » en Afrique.
C’est la ferme conviction d’Herbert Mensah, le président de Rugby Afrique, l’instance faîtière de ce sport sur le continent noir. Dans le monde de l’ovalie, l’Afrique du Sud est la seule nation à avoir soulevé quatre fois dans son histoire le trophée Webb-Ellis.
Après les victoires de 1995, 2007 et 2019, les Springboks ont conservé il y a un mois leur titre acquis au Japon en battant, au stade de France, les All Blacks de la Nouvelle-Zélande en finale (12-11). Logés dans la poule B, en phase de groupes, ils ont enregistré trois succès (contre l’Ecosse, la Roumanie et les Tonga) et une défaite (face à l’Irlande).
En quarts de finale, les coéquipiers de Siya Kolisi ont vaincu la France, le pays hôte du tournoi (28-29). En demi-finale, un petit point a encore suffi à l’Afrique du Sud pour disposer de l’Angleterre (15-16).
« Nous n’avons jamais douté de votre grandeur. Nous n’avons jamais douté du résultat. Dès le début, nous savions que votre esprit était indomptable. Votre refus d’accepter la défaite témoigne de votre caractère. Des joueurs qui ont commencé le match à ceux qui sont sortis du banc, du personnel technique dévoué aux entraîneurs et aux médecins, nous avions foi en vous. Perdre n’a jamais été une option », a notamment dit M. Mensah dans un message de félicitations adressé à Mark Alexander, le président de l’Union sud-africaine de rugby (Saru, sigle en anglais).
Poursuivant, le patron du rugby africain a affirmé que l’Afrique du Sud a « donné de l’espoir aux désespérés, de la force aux faibles et de la confiance à ceux qui auraient pu douter d’eux-mêmes ». C’est pourquoi, il veut surfer sur cette prouesse pour développer la pratique du rugby sous nos tropiques : « Le monde a une fois de plus été témoin du vaste potentiel de l’Afrique. Investir dans le rugby en Afrique, c’est investir dans un continent de 1,3 milliard d’habitants, en utilisant ce sport comme catalyseur du développement économique et de l’autonomisation des jeunes ».
Transformer le potentiel en puissance
Herbert Mensah, le président de Rugby Afrique, a participé le 10 novembre dernier à Marrakech, au Maroc, à l’Africa Investment Forum (AIF) créé en 2018. À l’occasion de cet évènement soutenu par la Banque africaine de développement (Bad) et sept autres partenaires, il a fait un plaidoyer en faveur de l’ovalie sur le continent.
« Avec ses talents abondants et l’attention du monde entier, l’Afrique se trouve à l’avant-garde du marché mondial. Il est temps de transformer ce potentiel en puissance, en investissant en nous-mêmes, en forgeant des structures qui permettent à nos ressources d’alimenter notre propre croissance, en nous libérant du cycle d’exportation et d’importation qui entrave la réalisation de notre véritable potentiel économique », a-t-il déclaré.
En Afrique, l’industrie du sport connaît une croissance rapide avec la perspective de créer des emplois, d’améliorer la santé publique, de favoriser l’inclusion sociale et de stimuler la croissance économique.
Selon PricewaterhouseCoopers (PwC), cabinet de conseil, d’audit, d’expertise juridique et fiscale, cette industrie, évaluée à 7 milliards de dollars en 2018, devrait atteindre 12 milliards de dollars en 2027. « Malgré ce potentiel, les investissements en Afrique restent limités avec seulement 1 % des financements de startups dirigés vers le secteur du sport », a souligné un communiqué de Rugby Afrique.
Dans quatre ans en Australie, lors d’une Coupe du monde à laquelle 24 pays prendront part, l’Afrique du Sud remettra son titre en jeu. Pour accélérer le développement du rugby sur le continent d’ici là, M. Mensah a encouragé « l’investissement dans le sport à travers l’Afrique au regard de l’importance des opportunités d’investissement émergeant du continent lui-même ». Dans ce sens, il a prôné un changement de mentalité de la part des gouvernements africains et des organisations internationales.
ID/ac/APA