L’Intelligence artificielle (IA) permet, aujourd’hui en Côte d’Ivoire, à travers des capteurs, d’analyser certaines variations sur le réseau de distribution d’eau à travers le pays, de faire la maintenance des infrastructures et de lutter contre la fraude.
Au cours d’un panel sur le thème « Infrastructures et intelligence artificielle en Afrique : rêve ou réalité ? », organisé ce mardi 13 novembre 2024, à l’occasion de la 4e édition du Salon des infrastructures d’Abidjan (SIA), les participants ont été édifiés sur l’usage de l’IA dans les infrastructures.
Le directeur général de la Société de distribution d’eau de Côte d’Ivoire (SODECI), M. Ahmadou Bakayoko, s’est prononcé sur l’utilisation de l’Intelligence artificielle (IA) dans la gestion du réseau de distribution d’eau potable en Côte d’Ivoire.
L’IA, dira-t-il, est d’emblée un outil d’aide à la prise de décision, dans l’optique d’anticiper sur une situation ou d’apporter une réponse précise à un problème donné. Elle permet, en outre, la planification et l’exploitation du réseau de distribution d’eau potable, au quotidien.
Il a souligné « l’urgence d’une transition vers une gestion intelligente des infrastructures ». Avec plus de 20 000 Km de réseau, la production de la SODECI a augmenté de plus de 88 millions de m3 en cinq ans pour s’établir à 351 millions de m3 en 2023, ce qui requiert une surveillance accrue.
Pour opérer à partir de l’IA, il faut définir l’objet ou le champ d’activité, avoir une collecte de données massives, sélectionner l’algorithme, faire des entraînements des modèles avant la mise en exécution et une optimisation continue dans le temps.
M. Ahmadou Bakayoko a relevé que grâce à des capteurs pouvant simuler une baisse de pression et un « modèle hydraulique, ça nous aide, sur la base des données, de réagir beaucoup plus vite et dire que la panne est dans tel endroit » pour faire la réparation et assurer la continuité du service.
« L’Intelligence artificielle et les données des capteurs nous permettent de mieux maîtriser le fonctionnement de notre modèle et les débits dans le suivi du réseau », a-t-il souligné. Et, d’ajouter « on l’utilise également pour suivre la qualité de l’eau ».
« On a 3 000 pompes qui nous acheminent de l’eau, soit l’eau qui est dans la nappe phréatique ou sur une rivière » et pour une surveillance en continu, « on a mis des capteurs sur ces électropompes et on suit la signature, c’est-à-dire les indices de problèmes », a-t-il renseigné.
Avec ces données issues de tous ces capteurs, « on a des modèles qui disent que ça, c’est tel type de problème, et cela nous permet d’intervenir avant que ce soit trop tard, parce que la modélisation nous a dit que jusqu’à tel niveau la pompe va avoir un problème », a-t-il poursuivi.
Aujourd’hui, « on utilise des méthodes sur la base des données pour pouvoir améliorer le taux de détection de fraudes sur les opérations », a partagé M. Bakayoko, indiquant que le taux de perte sur le réseau de distribution d’eau potable en Côte d’Ivoire est de 17%.
Cédric Feroldi, Directeur général de BIA-CI, a soutenu que l’IA est un levier pour l’avenir des infrastructures en Afrique. Elle permet une optimisation des coûts, une augmentation de la productivité, une amélioration de la sécurité et une durabilité environnementale.
Il a, par ailleurs, évoqué la maintenance prédictive et le guidage à distance, ainsi que l’optimisation des ressources, avant d’insister sur la connectivité (Internet 3G et 4G), nécessaires pour opérer avec l’IA, ce qui requiert un investissement dans les infrastructures numériques.
L’enseignant-chercheur en mathématiques-informatique, Abou Bakary Ballo, l’un des panélistes, a souligné l’importance d’investir dans la recherche, la formation des jeunes dans les nouvelles technologies, de favoriser le partenariat public-privé et de développer des applications adaptées au contexte africain.
La 4e édition du Salon des infrastructures d’Abidjan (SIA) se déroule du 12 au 14 novembre 2024, au Parc des expositions d’Abidjan, autour du thème « Technologies émergentes et innovations dans l’industrie du BTP ». L’événement a réuni tous les acteurs du secteur du BTP qui représente 7,5% du PIB ivoirien.
AP/Sf/APA