Les quotidiens sénégalais parvenus vendredi à APA titrent principalement sur les violentes manifestations nées du verdict condamnant la veille l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme, une peine qui compromet sérieusement sa participation à l’élection présidentielle de février 2024.
Libération note que « de sanglantes manifestations » ont émaillé le Sénégal après la condamnation d’Ousmane Sonko hier dans son procès criminel avec Adji Sarr, la plaignante qui l’accusait depuis 2021 de viols et menaces de mort. Le journal souligne que le maire de Ziguinchor (sud) « est acquitté des faits de viols et menaces de mort » sur l’ex-employée du salon de massage Sweet Beauté, mais est « condamné à deux ans de prison ferme pour +corruption de la jeunesse+ ».
Ce verdict a occasionné de « violents affrontements », faisant « neuf morts » entre Ziguinchor et Dakar, selon le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome. Dans le lot de « plusieurs biens publics et privés saccagés, incendiés ou pillés », le quotidien cite le Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) et plusieurs bus universitaires. Cette situation a conduit l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar à « arrêter les cours » là où son « campus social a été fermé jusqu’à nouvel ordre », sans compter la « restriction » de certaines applications digitales, telles que WhatsApp ou Facebook, par les autorités pour lutter contre les appels à la violence.
En voyant tout ce grabuge lié à la condamnation de l’opposant arrivé troisième à la dernière présidentielle avec plus de 15% des suffrages, Walf Quotidien déclare que le Sénégal, dont la démocratie et la stabilité sont citées un peu partout, « bascule dans la violence ». Si certains estiment que cette condamnation vise les droits civiques d’Ousmane Sonko, le professeur Ndiack Fall, enseignant en droit pénal à l’Université de Dakar, explique que « pour le moment, le leader du parti Pastef reste électeur et éligible ».
Sous le titre « Sonko OK », L’Observateur estime que « le leader de Pastef gagne son procès pour viols et menaces de mort » malgré sa condamnation par le juge qui a requalifié les faits par le délit de corruption de la jeunesse. Le journal indique ainsi que, la plaignante Adji Sarr, qui se retrouve « KO », est « tombée de la salle de massage » et risque des « poursuites ».
EnQuête a vu hier « du feu, des pillages et des morts » à l’issue du délibéré de l’affaire Sweet Beauté, un verdict qui « a mis le feu aux poudres » dans plusieurs villes du pays, de Dakar à Ziguinchor en passant par Mbour, Saint-Louis etc.
Ayant dès le début défendu la thèse d’un complot politique, l’avocat Bamba Cissé et le camp de Sonko affirment, après le délibéré, que « tout cela n’était que conspiration et nous allons poursuivre ceux qui ont été derrière ». Toutefois, le secrétariat national de l’Alliance pour la République (APR), le parti du président Macky Sall, précise dans Bés Bi que ce verdict est le témoignage de « la vérité judiciaire (qui) clôt définitivement le complot qui n’existerait que dans la tête de Sonko », le farouche opposant de Macky Sall jugé par contumace dans ce dossier et barricadé depuis plusieurs jours par la police dans son domicile dakarois.
Malgré sa condamnation à une peine ferme, Ousmane Sonko n’est pour le moment pas encore amené en prison en l’absence d’un « mandat d’arrêt » exécutoire, précise EnQuête avant de faire savoir que « le parquet est juge de l’opportunité d’arrestation ». En outre, le ministre de la Justice, Ismaila Madior Fall, indique dans L’AS et Le Quotidien que « Sonko peut être arrêté à tout moment » parce qu’« une décision de justice a vocation à être appliquée ».
ODL/ac/APA