Les élections sud-africaines sont prévues en mai prochain.
Si l’ère numérique a facilité l’accès à l’information, elle a également donné naissance à un adversaire insidieux qui menace l’intégrité des élections démocratiques en Afrique et dans d’autres parties du monde : les « deepfakes ».
Ces vidéos ou images fabriquées de façon très réaliste ont le pouvoir de tromper les électeurs, de manipuler l’opinion publique et de ternir la réputation des partis politiques et des hommes politiques.
Alors que l’Afrique du Sud se prépare aux élections du 29 mai, les experts de l’organisme de formation en cybersécurité KnowBe4 AFRICA tirent la sonnette d’alarme.
Anna Collard, première vice-présidente de KnowBe4 AFRICA chargée de la stratégie de contenu, a invité les Sud-Africains à se méfier des « deepfakes » à la suite d’incidents survenus au cours des six derniers mois, au cours desquels deux personnalités publiques de premier plan ont été la cible de cybercriminels.
Lors d’un incident survenu en octobre 2023, des cybercriminels ont exploité la technologie des deepfakes pour se faire passer pour le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, lors de conversations en ligne avec des diplomates européens.
Les vidéos fabriquées étaient si convaincantes qu’elles ont réussi à tromper des participants peu méfiants.
De même, en décembre, Facebook a dû retirer plus de 100 publicités payantes « deepfakes » mettant en scène le Premier ministre britannique Rishi Sunak, après que près d’un demi-million de personnes les aient déjà visionnées.
Les deepfakes posent des risques majeurs à l’approche des élections, tant au Royaume-Uni qu’en Afrique du Sud », a déclaré M. Collard lundi.
Collard a déclaré que ces incidents (et la sophistication croissante de la technologie des « deepfakes) soulignaient l’urgence de s’attaquer à cette menace.
Au cours de l’année écoulée, la qualité des « deepfakes » s’est considérablement améliorée, les rendant plus convaincants et plus difficiles à identifier.
Mme Collard a insisté sur le fait que les électeurs sud-africains doivent faire preuve de vigilance lorsqu’ils rencontrent des images prétendument associées à des hommes politiques et qu’ils doivent vérifier l’authenticité de ces images.
« Les électeurs doivent être conscients de ce risque et être proactifs pour en atténuer l’impact », a-t-elle ajouté.
Pour contrer le risque de « deepfakes », la Commission électorale indépendante d’Afrique du Sud s’est associée à Media Monitoring Africa pour lancer une initiative appelée Padre.
Ce projet novateur permet aux électeurs de vérifier les informations relatives aux partis politiques sud-africains et à leurs récentes déclarations.
Padre favorise l’accès à l’information en mettant à la disposition du public un répertoire des publicités officielles des partis politiques.
Les électeurs potentiels peuvent ainsi vérifier les publicités ou autres images relatives à un parti politique ou à un politicien qu’ils trouvent sur les médias sociaux.
JN/fss/te/APA