La station balnéaire de Saly, située à une soixantaine de kilomètres de la capitale sénégalaise Dakar, a abrité du 5 au 7 décembre 2023 un atelier de renforcement de capacités au profit des fédérations de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Sénégal, du Mali, du Burkina, du Niger, de la Centrafrique, du Tchad, du Gabon et du Congo.
Le football, sport le plus populaire au monde, génère de nos jours énormément d’argent grâce notamment à la billetterie, aux droits de retransmission des matchs et au sponsoring. La Fédération internationale de football association (Fifa), organisatrice tous les quatre ans de la Coupe du monde, partage avec ses membres une partie des recettes générées par l’évènement.
C’est le programme Fifa Forward créé en 2016 et axé sur trois grands principes : plus d’investissement, plus d’impact et plus de supervision. « Nous versons aux associations membres, en deux tranches, des fonds opérationnels. La première d’un montant de 650.000 dollars (395.525.000 F CFA) en janvier et la seconde d’une somme de 600.000 dollars (365.100.000 F CFA) en juillet. Toutes les fédérations à travers le monde sont logées à la même enseigne concernant ce type de financement. Il y a aussi les co-projets exécutés après l’approbation par la Fifa, en adéquation avec sa stratégie, d’une proposition documentée émise par une fédération », a expliqué Meryem Atouk, Coordinatrice en gouvernance financière à la Fifa.
Pour éviter que ces moyens financiers colossaux ne servent pas au développement du football, l’instance faîtière a fait de la reddition des comptes une obligation. « Depuis l’arrivée du président Gianni Infantino, toutes les fédérations sont soumises à un audit annuel portant sur l’utilisation des fonds alloués par la Fifa. Cet exercice, effectué par des cabinets indépendants, n’était pas obligatoire auparavant. Il est devenu systématique. Certaines fédérations, qui étaient relativement bien organisées, s’en sont plus ou moins bien sorties. Pour une catégorie d’entre elles, ça a été très difficile et la transition a pris du temps pour d’autres », a assuré El Hadj Wack Diop, Directeur du Bureau régional de la Fifa pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
C’est dans le souci de permettre aux associations membres de se conformer à ces exigences que des ateliers de mise à niveau sont organisés. « La semaine dernière, j’étais à Kigali, au Rwanda, où des membres de 14 fédérations de pays anglophones d’Afrique ont subi une formation », a indiqué M. Diop. À Dakar, Me Augustin Senghor, le président de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF), a accueilli des membres des associations de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Mali, du Burkina, du Niger, de la Centrafrique, du Tchad, du Gabon et du Congo.
« Le but de cette rencontre, la troisième du genre après celles de Jakarta (Indonésie) et Kigali (Rwanda), est de renforcer les capacités des fédérations en termes de gouvernance financière. Notre objectif consiste à consolider les compétences avec des communications sur différentes thématiques. C’est un moment d’échange et de partage de connaissances », a souligné Meryem Atouk.
Davantage de transparence
En Afrique, où tout reste à faire, les acteurs du football sont entre autres confrontés au manque d’infrastructures répondant aux normes internationales et au déficit de formation. Dans ce continent, « le développement du football requiert beaucoup d’argent. La Fifa ne peut pas tout faire. Néanmoins, elle donne des sous aux fédérations en leur demandant de l’investir à bon escient. Quand on a beaucoup de fonds entre les mains, il y a un risque de mauvaise utilisation si on n’est pas bien préparé. Ce qui serait préjudiciable au football lui-même et à la famille du football dans le pays concerné », a fait savoir le Directeur du Bureau régional de la Fifa pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Le déclenchement du cycle d’ateliers, avec des exposés et des cas pratiques, se comprend par l’identification de problèmes dans la gouvernance financière des fédérations. « Il y a l’utilisation excessive du cash, les conflits d’intérêts, les procédures d’acquisition… Nous voulons limiter ces constatations en faisant la promotion des bonnes pratiques. Il est important que les fédérations aient conscience de leurs faiblesses afin de s’améliorer. On outille ces instances pour qu’elles soient encore plus transparentes vis-à-vis de la Fifa et d’autres partenaires. C’est l’un de nos piliers majeurs qui est, je pense, connu par l’ensemble de nos associations membres », a affirmé la Coordinatrice en gouvernance financière à la Fifa.
En amont de ce processus, le gouvernement du football planétaire a élaboré un guide de gouvernance financière. « Il fait suite à l’analyse des différentes remarques issues des audits menés ces sept dernières années. Nous avons pu recenser toutes les faiblesses. Après quoi, des recommandations ont été formulées, des outils et méthodes de contrôle interne proposés aux fédérations pour une meilleure gestion des fonds mis à leur disposition », a rapporté El Hadj Wack Diop.
« Ce guide doit servir de référentiel aux associations membres. En tout cas, il détaille ce que veut la Fifa sur le fond et la forme par rapport aux documents justificatifs des dépenses. Tous les éléments ont été disséqués devant les participants au cours des trois jours d’atelier pour une utilisation efficiente des fonds de la Fifa. Nous allons poursuivre la dynamique au bénéfice de toutes les fédérations », a-t-il promis.
Engagement à se parfaire
Rome, dit-on, ne s’est pas faite en un jour. La Fifa, bien que consciente de la nécessité de prendre le temps qu’il faut pour assainir les finances de ses associations membres, n’a pas non plus toute l’éternité devant elle. Le processus doit avancer même à marche forcée. « Aujourd’hui, avec Fifa Forward 3.0, les fédérations peuvent percevoir jusqu’à 8 millions de dollars (4.870.892.800 F CFA). Pour gérer une somme aussi importante, il faut être bien préparé et avoir un personnel qualifié », a reconnu M. Diop, le représentant de la Fifa en Afrique occidentale et centrale.
Il s’est tout de même félicité des acquis de ces sept dernières années : « Il faut voir d’où l’on est parti et là où nous sommes arrivés aujourd’hui. Avec le recul, je suis content de dire que toutes les fédérations que je couvre ont exprimé la volonté de se parfaire, de professionnaliser et de moderniser leur gestion. Cela nous encourage à les accompagner vers l’excellence ».
Secrétaire Général de la Fédération Béninoise de Football (FBF), Claude Paqui est sorti comblé de la formation. « Elle a répondu à nos attentes. Il faut maintenant tirer profit de tous les enseignements en respectant les règles de l’orthodoxie financière. Pour utiliser les fonds considérables pour les fédérations que nous sommes, il faut que la crédibilité, la responsabilité et la transparence encadrent les actions », a-t-il déclaré. Concluant son propos, M. Paqui s’est engagé, au nom de la FBF, « à les mettre en pratique » sans réserve.
ID/ac/APA