Le sélectionneur de l’équipe nationale du Sénégal a justifié le choix de privilégier le match amical contre l’Algérie au détriment de la rencontre officielle face au Rwanda par la nécessité de se mesurer aux cadors pour aborder « de la meilleure des manières » la prochaine Coupe d’Afrique des nations (Can).
Une singulière équipe du Sénégal affrontera, ce 9 septembre, au stade de Huye, à Butare, ville située à 100 kilomètres de Kigali, celle du Rwanda. Un match comptant pour la 6e et dernière journée des éliminatoires de la Can 2023 prévue en Côte d’Ivoire du 13 janvier au 21 février 2024.
Les Lions étant qualifiés depuis la 4e journée à la grand-messe du foot continental, la Fédération Sénégalaise de Football (FSF) a décidé d’envoyer au Rwanda une sélection de 31 joueurs composée de locaux et d’expatriés. Celle-ci sera coachée par le duo Pape Bouna Thiaw et Malick Daf, respectivement entraîneur de l’équipe nationale locale et des moins de 20 ans.
Cette stratégie, en réponse à l’exigence des Rwandais d’accueillir les Sénégalais conformément à un accord tacite, a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours. Les Amavubi (Guêpes) devaient, en principe, recevoir les Lions le 7 juin 2022 dans le cadre de la 2e journée de ces éliminatoires. Mais les deux fédérations avaient convenu d’inverser les matchs. Sur le papier, la victoire un à zéro du Sénégal, grâce à un penalty transformé par Sadio Mané en toute fin de partie, a été acquise à l’extérieur. Toutefois, en vertu de l’entente entre les deux parties, Kalidou Koulibaly et ses coéquipiers étaient à domicile.
De son côté, la FSF, ayant ficelé entretemps un match de gala contre l’Algérie, a voulu se dédire afin d’épargner les Lions d’un long voyage, quelques jours avant leur confrontation avec les Fennecs. « Après échanges avec les autorités de la Confédération africaine de football (Caf) et dans un souci de dépassement », elle s’est finalement résolue à déplacer dès le 6 septembre une équipe nationale A’.
Interpellé sur le sujet hier vendredi à Dakar, lors de la publication de sa liste, le sélectionneur Aliou Cissé a apporté des précisions : « Je n’ai pas confectionné la liste de la sélection qui ira au Rwanda. Il y a deux entraîneurs qu’il faut laisser travailler. J’ai eu à faire des intérims. J’ai amené des équipes nationales du Sénégal en Colombie, en Afrique du Sud et au Niger. C’est une opportunité pour ce groupe d’aller au Rwanda parce que je ne peux pas tous les convoquer avec les A. Ces joueurs constituent le futur du Sénégal ».
« Un gros match contre l’Algérie »
Pour affronter les Fennecs, le 12 septembre prochain, à 19 heures (Temps Universel), au stade Me Abdoulaye Wade de Diamniadio, à la périphérie de la capitale, Aliou Cissé a fait appel à 25 joueurs. Seuls Abdoulaye Niakhaté Ndiaye (défenseur) et Lamine Camara (milieu) vont découvrir la Tanière. Le reste, c’est classique.
Candidat à sa propre succession au palmarès de la Can qu’il a remportée pour la première fois de son histoire lors de la précédente édition au Cameroun, le Sénégal fera face à l’Algérie qui ne lui réussit pas depuis un certain temps. « L’Algérie est la bête noire du Sénégal (quatre victoires et un nul pour les Fennecs sur les cinq derniers matchs, NDLR). Mais il ne s’agit pas d’une revanche ou d’une vengeance. L’Algérie a gagné la finale de la Can 2019 (face au Sénégal) parce qu’elle avait la meilleure équipe. Idem pour nous en 2022 (contre l’Égypte). Ce sera un gros match. L’Algérie ne nous domine pas même lorsqu’elle gagne. Ça se joue sur des détails. Ce qui m’intéresse dans cette rencontre, c’est de voir la progression de l’équipe », a expliqué le sélectionneur du Sénégal.
En effet, pour le coach aux dreadlocks, ce choc est certes « un match amical, mais il est important puisqu’il permet d’être dans la préparation de la Can 2023 ». « Nous avons eu la chance de nous qualifier au bout de quatre journées. Ce n’était pas le cas dans le passé. L’objectif est de nous préparer. À l’approche des compétitions internationales, il y a de moins en moins de temps pour le faire. Nous avons entamé la phase préparatoire de la Can avec les matchs contre le Bénin (1-1) et le Brésil (4-2). Bientôt, ce sera l’Algérie. Nous jouerons ensuite face au Mali, au Burkina Faso et au Cameroun. Ces matchs doivent nous permettre d’aborder cette compétition de la meilleure des manières », a ajouté l’ancien capitaine de la génération 2002, finaliste de la Can et quart de finaliste du Mondial de cette année-là.
« Ce qui m’intéresse, c’est la compétitivité »
Maintenant, a affirmé l’entraîneur sénégalais, « la donne a changé. La Saudi Pro League est en train de se développer. Ce n’est plus le même championnat d’il y a 5 ans. On s’en rend compte quand on regarde les matchs. Je suis plutôt rassuré des prestations de nos joueurs ». Ils jouent avec ou contre Cristiano Ronaldo, Neymar Junior, Karim Benzema et d’autres stars du ballon rond qui ont répondu aux sirènes d’un pays où l’argent du pétrole coule à flot.
Avant de donner une nouvelle trajectoire à leurs carrières, certains Lions ont pris le soin de discuter avec Aliou Cissé. « Ils m’ont fait part de leur souhait de rejoindre ce championnat. Je ne pouvais pas les empêcher d’aller dans cette direction. C’est un choix bien réfléchi. Ils savaient ce qu’ils voulaient. La seule chose que je pouvais faire, c’était de les encourager et de prier pour eux afin qu’ils continuent à jouer régulièrement. Histoire d’être compétitifs en équipe nationale. Ce qui m’intéresse, c’est la compétitivité. L’Algérie a gagné en 2019 la Can avec des joueurs évoluant dans le championnat saoudien. C’est à nous de prouver qu’on est aussi capables de le faire. Je n’ai pas de doute », a soutenu le sélectionneur national.
Liste des 25 Lions convoqués :
Gardiens (3) : Édouard Mendy (Al-Ahli, Arabie saoudite), Sény Dieng (Queens Park Rangers, Angleterre) et Mory Diaw (Clermont, France).
Défenseurs (9) : Kalidou Koulibaly (Al-Hilal, Arabie saoudite), Abdou Diallo (Al-Arabi Doha, Qatar), Youssouf Sabaly (Bétis Séville, Espagne), Moussa Niakhaté (Nottingham Forest, Angleterre), Abdoulaye Niakhaté Ndiaye (Troyes, France), Abdoulaye Seck (Maccabi Haïfa, Israël), Ismail Jakobs (AS Monaco, France), Abdallah Ndour (Guingamp, France) et Formose Mendy (Lorient, France).
Milieux (7) : Idrissa Gana Guèye (Everton, Angleterre), Cheikhou Kouyaté (Nottingham Forest, Angleterre), Krépin Diatta (AS Monaco, France), Pathé Ciss (Rayo Vallecano, Espagne), Pape Matar Sarr (Tottenham, Angleterre), Lamine Camara (FC Metz, France) et Dion Lopy (Almeria, Espagne).
Attaquants (6) : Sadio Mané (Al-Nassr, Arabie saoudite), Ismaïla Sarr (Olympique de Marseille, France), Boulaye Dia (Salernitana, Italie), Iliman Ndiaye (Olympique de Marseille, France), Habib Diallo (Al-Shabab Riyad, Arabie saoudite) et Nicolas Jackson (Chelsea, Angleterre).
ID/ac/APA