Au Sénat ivoirien, une révolution silencieuse a pris forme. L’ancienne ministre des Affaires étrangères, Kandia Camara, a été élue à la présidence du Sénat, une première pour une femme en Côte d’Ivoire.
L’issue de l’élection ne faisait pas vraiment de doutes. Le 12 octobre dernier, Kandia Camara a été élue à la tête de la chambre haute du parlement ivoirien. Première femme ivoirienne à prendre les rênes du Sénat, c’est un nouveau symbole de la place croissante prise par les femmes dans le paysage politique de la Côte d’Ivoire.
À 64 ans, l’enseignante devenue politicienne incarne un double symbole : celui de la fidélité indéfectible à Alassane Ouattara et celui, plus retentissant encore, de la place des femmes dans la sphère politique ivoirienne, l’une des priorités du Président. Commentant l’ascension de la maire d’Abobo, un observateur a d’ailleurs déclaré qu’elle reflétait &l’engagement de longue date du président en faveur de la parité femmes-hommes&.
La création du Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire (Cocofci) témoigne de cet engagement, tout comme l’augmentation significative du nombre de candidates aux élections, passant de 105 en 2011 à 455 en 2021. Le Pnud a salué cette évolution comme un modèle à suivre en Afrique. D’après l’organisme des Nations unies, le Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire – un organe fondé en 2011 pour renforcer la visibilité, la participation et le leadership des femmes dans la gestion des affaires publiques et privées – est le meilleur programme africain de valorisation des compétences féminines.
L’engagement ne s’est pas arrêté là. En 2017, le président lançait la campagne « He For She », prenant l’engagement public d’éradiquer les violences basées sur le genre et de promouvoir la parité. La campagne, soutenue par la ministre Mariatou Koné, est un écho à la nouvelle constitution qui prône l’égalité et condamne les violences à l’égard des femmes.
En 2016 déjà, un jalon décisif a été posé avec l’inscription du principe de l’égalité entre les hommes et les femmes dans la Constitution de la Côte d’Ivoire. Cette décision forte a ouvert la voie à une série de changements dans divers domaines, notamment la parité sur le marché de l’emploi, une participation politique accrue des femmes, et des mesures renforcées contre les violences faites aux femmes.
Entreprises, institutions étatiques, ministères et ONG… De plus en plus de femmes occupent des postes à haute responsabilité en Côte d’Ivoire. Au sein du gouvernement formé le 17 octobre 2023, six femmes occupent des fonctions clés. Parmi elles, Anne Désirée Ouloto a été nommée ministre d’État, ministre de la Fonction Publique et de la Modernisation de l’Administration, Nialé Kaba ministre de l’Économie, du Plan et du Développement, Mariatou Koné de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation, Lobo Myss Belmonde Dogo de la Cohésion Nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté, et Françoise Remarck, ministre de la Culture et de la Francophonie.
Selon un récent rapport du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, la proportion de femmes directrices de cabinet ministériel a augmenté de 12,50% en 2019 à 16,13% en 2022, reflétant une progression dans la représentation féminine. En 2022, la présence des femmes sur le marché du travail a atteint 51%, contre 46% en 2021.
CP/APA