L’Afrique « a besoin » de jouir de l’exploitation de ses ressources naturelles pour sortir de la pauvreté.
Qualifiée de continent le moins développé du monde, l’Afrique dispose pourtant de réserves importantes en pétrole, en gaz et en minéraux. Ce n’est pas le fruit du hasard dans un contexte où le changement climatique fait partie des concepts saillants de l’actualité. Mais pour la ministre sénégalaise du Pétrole et des Energies, Aïssatou Sophie Gladima, le continent noir a besoin de « valoriser » ses ressources en hydrocarbures alors que son pays s’apprête à exploiter son pétrole et son gaz.
« La géologie est au début et à la fin de tout. (…) Si aujourd’hui nous avons le pétrole et le gaz c’est parce qu’il y a eu des changements climatiques, des catastrophes, des disparitions peut-être que l’homme a accélérés. Mais aujourd’hui, l’Afrique a besoin de se développer, de créer des emplois pour ses enfants. Elle a aussi besoin d’énergie et d’électricité en vue d’accompagner ses femmes » dont la journée internationale est célébrée mercredi 8 mars, a déclaré Mme Gladima, soulignant que la valorisation des ressources naturelles doit être « plus que jamais des enjeux stratégiques » pour le continent.
La ministre sénégalaise du Pétrole et des Energies s’exprimait à l’ouverture de la vingtième édition du Salon international de l’énergie et du pétrole en Afrique (Siepa). Ce rendez-vous de deux jours, organisé par l’Association sénégalaise pour le développement de l’énergie en Afrique (Asdea) et l’Association pour le développement de l’énergie en Afrique (Adea), a réuni ce mardi à Dakar d’éminents experts africains et du monde gravitant autour de l’énergie et du secteur pétro-gazier.
Le Sénégal dispose d’immenses champs pétro-gaziers. Découvertes en 2014 aux larges de Dakar dans le bloc de Sangomar Profond, les réserves du champ SNE-1 sont évaluées par exemple entre 346 et 998 millions de barils de pétrole. Le gisement gazier Grand Tortue, situé à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie, contient pour sa part des réserves estimées à 560 milliards de mètres cubes et devrait rapporter plusieurs milliards de dollars de bénéfices aux deux pays voisins.
Indicateur du développement
Malgré le retard dans la fourniture intégrale de l’électricité sur le continent, la ministre sénégalaise indique que son pays a réalisé des pas importants dans ce domaine. « Le Sénégal s’approche de plus en plus de l’accès universel à l’électricité et fait partie des pays africains ayant le meilleur taux d’électrification. (…) Au moment de l’accession au pouvoir en 2012 du président Macky Sall, la puissance d’électrification était d’environ 500 mégawatts. Aujourd’hui, elle a triplé pour atteindre plus de 1600 mégawatts avec un mix » énergétique proposé aux populations sénégalaises, a expliqué Aïssatou Sophie Gladima, militant pour une démocratisation de l’accès à l’électricité partout en Afrique pour booster l’émergence.
« La consommation énergétique constitue un indicateur fiable du niveau de développement d’un pays. Aujourd’hui, un Africain consomme en moyenne un vingtième de ce que consomme un Européen et un trentième de ce que consomme un Américain en énergie. Moins de la moitié de la population d’Afrique subsaharienne a accès à l’électricité », a-t-elle déploré avant d’inviter les participants au salon « à accorder une attention particulière à l’énergie solaire et éolienne ».
Les travaux de l’édition 2023 du Siepa reposent sur plusieurs panels ce mardi allant des attentes des Etats africains sur le défi mondial de l’énergie aux stratégies des compagnies pétrolières face à la transformation du paysage énergétique, en passant par les défis de l’aval pétrolier et gazier et le rôle du contenu local dans l’industrie pétro-gazière.
Les intervenants, composés entre autres de spécialistes et d’anciens directeurs généraux de sociétés publiques d’électricité et de raffinage du pétrole, poursuivront les débats mercredi sur la chaîne de valeur et la gouvernance du secteur des hydrocarbures, l’accès aux financements, le rôle du gaz et des énergies renouvelables dans le développement des capacités de production, l’évolution des marchés de l’électricité et le rôle des institutionnels et des banques.
ODL/te/APA