Les quotidiens sénégalais parvenus mardi à APA titrent principalement sur l’emprisonnement de l’opposant Ousmane Sonko et la dissolution de son parti Pastef/Les Patriotes, deux grandes décisions prises à six mois de l’élection présidentielle dans le pays.
Le Soleil indique qu’une « double peine (s’abat) pour Ousmane Sonko », maire de Ziguinchor (sud) et troisième de la dernière présidentielle avec plus de 15% des suffrages. « Placé sous mandat de dépôt » hier à l’issue de son audition par le Doyen des juges, Oumar Maham Diallo, l’opposant est poursuivi pour huit chefs d’accusation, sur des faits pouvant être qualifiés de criminels, liés notamment aux violentes manifestations de mars 2021 et juin 2023.
Dans la foulée de son « inculpation » par le magistrat instructeur, le ministère de l’Intérieur a annoncé que son parti « Pastef-Les Patriotes est dissous », précise le quotidien national avant de rappeler : « Dans l’histoire politique du Sénégal, trois partis ont été dissous avant Pastef/Les Patriotes. Il s’agit, selon Ahmadou Bamba Ndiaye, du Bloc des masses sénégalais (BMS), du Front national sénégalais (FNS) et du Parti africain de l’indépendance (PAI). +Avant, le président Léopold Sédar Senghor a dissout deux partis de Cheikh Anta Diop. Il avait créé le BMS et le FNS, renseigne le vice-président du Parti des libéraux et démocrates/And Suxali qui, auparavant, a été le coordonnateur du Mouvement pour le socialisme et l’unité du président Mamadou Dia ».
Sud Quotidien note qu’Ousmane Sonko et l’Etat du Sénégal ont atteint « l’escalade » dans leur « bras de fer ». « En réaction à la décision du juge d’instruction plaçant Ousmane Sonko sous mandat de dépôt, Me Ciré Clédor Ly, avocat du leader de Pastef, s’est dit très déçu par la décision prise par le magistrat instructeur. Face à la presse, il déclarera : L’on s’attendait à ce que le juge d’instruction reprenne son indépendance… mais hélas, nous avons été déçus et notre sentiment est que le droit n’a pas été appliqué », rapporte le journal.
Au même moment, « Pastef-Les Patriotes n’entend pas rester les bras croisés devant sa dissolution actée hier, lundi, par le ministre de l’Intérieur. Dans un communiqué transmis à la presse, dans la foulée de la mesure restrictive du ministre Antoine Diome, son bureau politique national a vivement déploré les +manœuvres+ posées par le régime en place », a relevé le journal.
Avec la dissolution de ce parti, Bés Bi fait savoir que « Macky déchire le projet » que répétaient sans cesse les partisans d’Ousmane Sonko « qui l’incarne ». Dans un communiqué, le parti Pastef a indiqué que cette mesure du chef de l’Etat est « une illégalité flagrante qui ouvre les vannes du chaos ». Seydi Gassama, secrétaire général de la section sénégalaise d’Amnesty International, regrette une décision synonyme de « 63 ans de recul démocratique ».
Le Quotidien estime de son coté que « Sonko (est) à huis clos », rappelant que « huit chefs d’inculpation sont retenus contre lui ». Son placement sous mandat de dépôt est à l’origine de manifestations, avec « des morts » enregistrés, trois précisément, à Dakar et Ziguinchor. « Lancé pendant deux ans dans un bras de fer avec l’Etat, Ousmane Sonko, qui a été placé sous mandat de dépôt par le Doyen des juges, a passé la nuit d’hier en prison. Cet emprisonnement, ajouté à la dissolution du parti Pastef, l’éloigne de son rêve présidentiel. Si certains feignent la consternation et la surprise, il était presque écrit que c’était l’issue de ce +Mortal kombat+ », fait observer le journal.
Avec de si grandes décisions, L’Observateur souligne que le maire de Ziguinchor (sud) est « SonKO ». Le quotidien est revenu sur « l’ambiance au bureau du Doyen des juges, le silence de Sonko, son refus de signer le procès verbal » d’audition ainsi que sur « la longue marche politique » du candidat déclaré à la présidentielle de 2024 avant sa « première nuit à la prison de Sébikotane », située à la sortie de Dakar vers la région de Thiès. Le journal donne en même temps des « éclairages sur le mandat des élus (issus de Pastef) et l’avenir de Sonko à la tête de la mairie de Ziguinchor ».
En revanche, Walf Quotidien note que les deux décisions qui s’abattent sur Pastef et son leader sont un « cocktail explosif ». Il s’agit d’un « grand bond en arrière de 63 ans » alors que l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane, déplore « un coup de poignard dans le dos de la démocratie » sénégalaise. « Avec l’emprisonnement d’Ousmane Sonko, suivi de la dissolution de son parti, Pastef, le pouvoir risque de faire face à une série de manifestations violentes. Le pays risque de nouer avec la tension comme ce fut le cas ces deux dernières années. Un cocktail explosif auquel Macky et ses collaborateurs doivent se préparer », prévient le journal.
ODL/ac/APA