Les quotidiens sénégalais parvenus lundi à APA titrent principalement sur l’imposante décision du khalife des mourides d’interdire dorénavant la politique dans la ville de Touba (centre), une mesure qui n’est pas sans conséquences pour l’élection présidentielle de février 2024.
Le Quotidien évoque « la fatwa de Serigne Mountakha Mbacké », le khalife général des mourides, l’une des communautés soufies les plus importantes du pays, qui interdit désormais les activités politiques dans la ville sainte de Touba (centre), le fief du mouridisme qui se voit délester de ses bureaux de vote à huit mois de l’élection présidentielle. « En 2024, les électeurs soucieux d’accomplir leur droit civique devront sortir de Touba pour le faire. Le khalife général des mourides en a décidé ainsi », explique le journal.
Bés Bi indique que la délocalisation des bureaux de vote de Touba par le guide religieux « change tout » à huit mois de l’élection présidentielle. « Plus de 600 bureaux et près de 300.000 électeurs sont à déplacer » alors que l’Etat pourrait organiser « une possible révision spéciale des listes » pour faire face à cette décision qui constitue un « risque pour l’opposition avec une faible participation », sachant que les voix des habitants de cette ville religieuse ont échappé au régime en place lors des dernières élections.
Mais pour faire face à ce scénario qui pourrait favoriser un éventuel « report de la présidentielle », Ababacar Fall, un des leaders de la société civile sénégalaise, propose de « discuter avec le khalife des conséquences d’une telle mesure ».
L’Observateur revient « aux origines de la colère de Serigne Mountakha », rappelant que « multiples interdictions du khalife (ont été) foulées aux pieds par les hommes politiques » à tel point qu’il en arrive à interdire tout bonnement la politique à Touba. « Le saint homme a été poussé à bout. De l’humanité extrême, le khalife général des mourides a été obligé d’user de la méthode dure pour se faire comprendre. Depuis plusieurs années, le patriarche de Darou Miname (quartier de Touba) a tenu à rappeler aux acteurs politiques le respect des principes de la sacralité de la cité de Bamba. Mais à chaque fois que l’occasion se présentait, les politiques utilisaient des subterfuges pour transgresser les règles de la cité religieuse », souligne le quotidien.
Le guide religieux ne s’est pas seulement illustré par cette décision prise ce week-end. Recevant une délégation de Walfadjri, l’un des premiers groupes de presse privés du pays dont le signal de la chaîne de télévision a été coupé par les autorités en marge des violentes manifestations de début juin liées à la condamnation ferme de l’opposant Ousmane Sonko, Walf Quotidien note que « Serigne Mountakha apporte son soutien ». Il a offert notamment « cinq millions en guise de contribution » à la cagnotte lancée par le groupe de presse pour pouvoir continuer à payer ses employés. Selon le journal, le khalife général des mourides « promet d’œuvrer pour le retour du signal de Walf TV » suspendu pour un mois par le ministère de la Communication.
Sur un autre registre, Le Soleil publie un dossier sur la campagne agricole 2023-2024 qui se veut « sans commune mesure » au vu des investissements colossaux du gouvernement. « A en croire le ministre de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, le Sénégal est fin prêt pour conduire et achever une campagne agricole dotée d’un budget inédit, jamais eu depuis l’indépendance : cent milliards de francs CFA », semble se réjouir le quotidien national.
En outre, le journal précise que 2000 hectares de terres seront emblavés pour permettre l’éclosion « de nouvelles cultures » telles que le blé et le tournesol. 50.000 plants de palmiers sont également prévus dans cette campagne là où 53.000 hectares de riz seront emblavés dans la Vallée du fleuve Sénégal pour la « campagne de contre-saison ».
ODL/ac/APA